Il n'est plus besoin de rappeler qu'une réduction des apports caloriques retarde le vieillissement et prolonge la durée de vie... tout au moins chez la souris de laboratoire. Pourtant, cette assertion est modulée par des chercheurs américains R. Michael Anson et coll., qui ont contrôlé les effets d'un régime alternant une journée de jeûne à une journée d'alimentation à volonté... toujours chez la souris.
Leur travail n'a pu déterminer une action sur la longévité des rongeurs (elle était déjà connue). Il montre une action bénéfique sur le métabolisme du glucose et sur la résistance des neurones, alors que les animaux ne perdent pas de poids et conservent leur apport calorique global.
Des souris de souche C57BL/6 ont été réparties en quatre groupes. Le premier (témoins) se nourrissant ad libitum (AL), le deuxième limité (L) à 60 % du premier, un troisième nourri à volonté de façon intermittente un jour sur deux (I), un quatrième recevant de façon quotidienne l'équivalent calorique (EC) global du troisième.
Perte de peu de poids
A 29 semaines, ont été mesurés les taux de glucose, insuline, IGF-1 (Insulin Growth Factor-1) et de ß-hydroxybutyrate. A 30-38 semaines, des injections d'acide kainique ont été pratiquées dans l'hippocampe. Cette substance entraîne des crises comitiales et des dégâts dans les neurones pyramidaux des zones CA3 et CA1.
La première conclusion entre les divers régimes concerne le poids. Les souris soumises au régime intermittent consomment, sur 48 heures, autant que les souris AL. Elles perdent peu de poids, tout comme les souris EC. Les souris sous-alimentées, consommant 40 % de moins, sont 49 % plus légères que celles s'alimentant à volonté.
Les groupes de rongeurs soumis à un régime montrent des taux de glucose et d'insuline inférieurs à ceux des témoins. En revanche les taux d'IGF-1 diffèrent. Alors que le facteur de croissance décroît chez les souris sous-alimentées, il augmente chez celles soumises à l'alternance. Des travaux ont montré qu'une trop forte réduction de ce facteur de croissance s'accompagne d'une moindre longévité. Discordance aussi pour les corps cétoniques appréciés par le taux de ß-hydroxybutyrate. Il est doublé chez les souris nourries en intermittence et abaissé chez les sous-nutries. La conservation du poids et donc de la masse grasse en serait l'explication. Ces corps cétoniques sont connus pour leur rôle neuroprotecteur (notamment dans des modèles animaux d'Alzheimer et de Parkinson) et la résistance qu'ils donnent aux crises d'épilepsie.
Niveau optimal de neuroprotection
Cette protection a pu être appréciée après l'injection d'acide kainique. Tous les rongeurs ont eu des crises d'épilepsie. Mais, à l'autopsie, alors que chez les souris témoins un grand nombre de neurones des secteurs CA3 et CA1 étaient détruits, les survies étaient plus importantes chez les souris I et EC. Seul le secteur CA1 était protégé chez les dénutries. « Cela doit impliquer un niveau optimal de neuroprotection pour parvenir à des effets neuroprotecteurs, une hypothèse à vérifier », relèvent les chercheurs.
« Quelques bénéfices, au moins, des régimes restrictifs doivent provenir d'un mécanisme autre que la réduction globale calorique. L'un de ces mécanismes possibles est la stimulation des voies de résistance cellulaire au stress, qui est fortement induite par le régime d'alternance. » Enfin, et il ne s'agit pas d'un constat expérimental, mais d'une hypothèse, une diminution des taux d'IGF-1 est connue pour conférer une protection tumorale.
« Cette étude suggère qu'un régime intermittent peut améliorer la santé et la résistance cellulaire aux affections, même si la période de jeûne est suivie d'une période de suralimentation telle que la prise calorique globale ne diminue pas », concluent les chercheurs.
« Proceedings of the National Academy of Sciences », 29 avril 2003, à paraître sur pnas.org
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