Le stress oxydatif est impliqué dans les mécanismes de vieillissement, certes liés au temps qui passe, mais aussi à l'hérédité et à des facteurs d'environnement. L'exposition UV, la consommation d'alcool et de tabac, la pollution atmosphérique ou la prise de certains médicaments majorent le stress oxydatif.
Or les situations où l'équilibre entre les apports et les besoins en antioxydants n'est pas respecté sont nombreuses. Il peut s'agir : d'une insuffisance d'apports (régimes hypocaloriques, consommation excessive d'aliments à faible densité micronutritionnelle comme les aliments gras et sucrés, petits consommateurs de fruits et légumes) ; d'une augmentation des besoins (grossesse, âge avancé, tabagisme, pratique intensive du sport) ; d'une biodisponibilité diminuée (vieillissement, malabsorption intestinale, iatrogénie de certains médicaments, supplémentation mal ciblée - le fer et le calcium diminuent l'absorption du zinc) ; ou enfin de la présence d'une pathologie (obésité, maladie neurodégénérative, diabète, maladie cardio-vasculaire, cancer).
Les conséquences des sub-carences
On peut donc cibler des groupes de personnes à risque de carence en tel ou tel micronutriment : les personnes âgées manquent de sélénium, les femmes d'âge mûr de zinc, les fumeurs de caroténoïdes et de vitamine C, les obèses (enfants et adultes) de bêtacarotène, d'alphatocophérol, de vitamine C et de zinc.
De même, il est possible d'établir un lien entre certaines subcarences et la fréquence de pathologies. L'étude MONICA, déjà ancienne, avait montré une corrélation inverse entre le taux plasmatique en vitamine E et le risque de maladie cardio-vasculaire (MCV). Dans la Nove Study, un taux plasmatique de sélénium inférieur à 54 μmol/l était associé à un surrisque de MCV. D'autres travaux ont mis en évidence un lien entre la séléniémie et le risque de cancer ou de troubles cognitifs.
Les aliments riches en antioxydants
Ces observations conduisent à s'interroger sur les moyens d'augmenter les apports en antioxydants. Trois approches peuvent être envisagées : augmenter la consommation d'aliments naturellement riches en antioxydants ; proposer une supplémentation ; concevoir des aliments enrichis.
La plupart des scientifiques privilégient la première option. C'est également la position du PNNS, qui encourage la consommation d'aliments riches en antioxydants et notamment celle de fruits et légumes. Rappelons que les céréales et le poisson sont riches en sélénium et en zinc, les fruits et légumes en caroténoïdes, les oléagineux en vitamine E, les fruits, le thé (mais aussi le chocolat et le vin dont il ne faut pas abuser) en polyphénols...
Différents travaux ont confirmé le bénéfice d'une alimentation riche en antioxydants. Selon l'étude EPIC (parue dans le « Lancet » en 2001), une augmentation de la ration en fruits et légumes de 50 g/j suffirait à réduire de 20 % la mortalité. D'autres études indiquent que la consommation d'aliments riches en lycopène diminue le risque d'infarctus du myocarde et celui de cancer (de la prostate en particulier).
La Zutphen Study montre qu'une alimentation riche en flavonoïdes (à base de thé) est associée à une réduction du risque cardio-vasculaire. De même, la Rotterdam Study met en évidence une réduction du risque d'athérosclérose aortique chez les gros buveurs de thé. Mac Kay a montré que la consommation quotidienne de trois tasses de thé réduisait de 11 % les IDM, celle de quatre tasses améliorait la fonction endothéliale, celle de six tasses diminuait les taux plasmatiques de lipides et ceux de LDL oxydés.
Ces données ont conduit à positionner les soupes et le thé en deuxième place, après l'eau, dans la pyramide des boissons recommandées (« Cancers Letters », 1997).
Quelle place pour les suppléments ?
Les résultats des travaux évaluant l'intérêt d'une supplémentation sont moins probants : alors qu'une supplémentation en bêtacarotène augmente le risque de cancer chez le fumeur, celle en sélénium diminue le risque de cancer du foie (notamment chez les patients infectés par le virus de l'hépatite B) ; elle réduit la mortalité par cancer (de 50 %), par cancer de la prostate (de 70 %) et par cancer du côlon (de 65 %).
Dans ce contexte, on attend avec impatience les résultats de l'étude SU.VI.MAX, qui évalue l'intérêt d'une supplémentation à doses nutritionnelles sur le risque de cancer, de MCV et autres pathologies.
Conférence organisée par Unilever Bestfood : communication d'Isabelle Hininger (maître de conférence des universités, laboratoire de biologie du stress oxydant, Grenoble).
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