« FOOD IS LIFE » ou « L’alimentation pour la vie ». En choisissant le thème de la treizième édition du Congrès mondial de l’alimentation, l’IUFoST (Union internationale pour la science et la technologie alimentaire) a voulu rappeler quelques principes fondamentaux. «Toutes les questions liées à l’alimentation sont d’égale importance», souligne en premier lieu l’organisation, qui met sur le même plan les aspects psychologiques, culturels ou sociaux et les caractéristiques physico-chimiques et biologiques des aliments. En second lieu, sont affirmés les enjeux liés à la nourriture, qui «doit subvenir aux besoins nutritionnels et calorifiques de la planète entière», mais qui reste un «vecteur des relations sociales et de la joie de vivre».
Des questions complexes.
Après Séoul en 2001 et Chicago en 2003, la France s’apprête à accueillir, à partir de dimanche, les participants de ce rassemblement triennal, invités à développer l’ensemble de ces thématiques. Ingénieurs de fabrication, chercheurs en génie des procédés, mais aussi médecins, sociologues, juristes et économistes devront tenter de répondre au défi lancé à la science dans un contexte où les problématiques associées à l’alimentation sont de plus en plus complexes. N’y a-t-il pas un risque de ralentissement de l’innovation en raison des législations actuelles ? Quid du principe de précaution ? Pourra-t-on fabriquer des aliments susceptibles de nourrir les populations du Sud avec des productions locales ? Quelle(s) réponse(s) aux inégalités croissantes d’accès aux aliments ? Peut-on réduire la faim dans le monde de 50 % dans les neuf ans à venir ? Comment vivre mieux en mangeant bien ? Les scientifiques peuvent-ils aider à réconcilier un consommateur toujours plus exigeants avec son alimentation ?
Plus de 1 000 spécialistes dresseront un bilan de la situation alimentaire dans le monde et tenteront d’anticiper et de prévoir l’alimentation du futur au travers de 208 communications orales (sessions techniques, tables rondes), 957 posters et une dizaine de conférences. Les débats seront lancés dès dimanche par une conférence plénière présidée par Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie (1985) et professeur au Collège de France, intitulée : « Chimie supramoléculaire et science de l’alimentation : l’alimentation au service de la réflexion et la réflexion au service de l’alimentation ».
En parallèle du programme scientifique, d’autres rendez-vous sont proposés, comme les visites d’entreprises agroalimentaires locales ou des rencontres avec des professionnels présents à « Food in lab », l’exposition permanente du congrès. Sur le stand de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), coorganisateur de l’événement*, les congressistes pourront par exemple découvrir une machine à mâcher. L’appareil mis au point par les chercheurs de l’institut est constitué d’une cellule d’environ 100 ml, soit le volume moyen de la bouche d’un homme adulte, munie de couronnes de dents interchangeables, d’une arrivée de salive artificielle, d’une autre de gaz, reliées tous deux à des dispositifs de prélèvement. Le stimulateur de mastication reproduit fidèlement les principales fonctions mécaniques et physiologiques de la bouche humaine au moment de la libération des composés de la flaveur (saveur et arôme de l’aliment) avant de propulser le bol alimentaire dans l’estomac. Les chercheurs espèrent ainsi s’affranchir des tests réalisés chez les personnes (trop variables d’un individu à l’autre) pour étudier la saveur et l’arôme des aliments, ainsi que l’évolution de leur texture au cours de la mastication. Au-delà du domaine agroalimentaire, des applications médicales peuvent être envisagées, par exemple l’étude des déficiences salivaires ou masticatoires en cas de profils dentaires incomplets ou l’analyse de la libération des nutriments ou des produits toxiques. Et, dans l’industrie pharmaceutique, le dispositif pourrait aider à mesurer la concentration au cours du temps de produits actifs dans la bouche.
* Avec l’Adria (Association pour le développement de la recherche agronomique) et le soutien de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et de l’Enitiaa (Ecole nationale d’ingénieurs des techniques et des industries agroalimentaires).
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