LE TEMPS DE LA MEDECINE
SI ON LA POSE à un pédiatre, la question paraît saugrenue. Lorsqu'on demande au Dr Bernard Leroux (responsable de l'unité de néonatalogie à la maternité Alix-de-Champagne, Reims) d'évoquer l'intérêt de l'allaitement maternel, il répond simplement : « Il n'y a que des avantages. Le lait maternel est l'aliment du petit de l'homme par nature. Il est impossible qu'il ne convienne pas au nouveau-né à terme ou proche du terme. »
Certes, il existe quelques contre-indications. Elle sont d'ordre médical. Pour l'essentiel, résume le Dr Leroux : la galactosémie congénitale, l'infection à VIH, un cancer évolutif, une tuberculose évolutive ou une infection à risque important, mettant en jeu la santé maternelle.
Les principaux intérêts du lait maternel sont divers : protecteur, nutritif, affectif. Le lait maternel protège le nouveau-né dans les premiers jours de sa vie. D'emblée par « le colostrum, riche en anticorps. Notamment antistreptococciques ». De plus, rappelle le Dr Leroux, le nouveau-né, qui a vécu jusque-là dans un milieu stérile, lorsqu'il naît par voie basse, se contamine par les germes vaginaux au cours de l'accouchement. Germes qu'il déglutit, ensemençant ainsi son tube digestif. « Cette première flore intestinale va devenir polymorphe et être colonisée par les bactéries lactiques. » Ainsi se crée la première barrière protectrice. De même que le premier rempart contre les allergies.
Quand on aborde l'aspect nutritionnel, il est certain qu'un lait artificiel est apparemment tout aussi nutritif. « Mais il est difficile de créer une copie de lait maternel parfaitement identique », dit le pédiatre, qui ajoute : « On doit néanmoins reconnaître la qualité du travail de certains industriels qui réalisent un travail de recherche pour réaliser à partir du lait de vache un aliment très proche du lait maternel. »
Don de soi.
Reste l'aspect affectif. le Dr Leroux voit dans l'allaitement « la continuation de la grossesse, d'un moment de plénitude ; un don de soi ».Toutes les mamans, poursuit-il, ne parviennent pas à cette réflexion, à cette prise de conscience.
Restent, pour conclure, les interrogations sur un développement psychomoteur amélioré, voire une intelligence supérieure. Les études sont contradictoires. « Les certitudes sont que les données chiffrées montrent 50 % de morbidité en moins au cours de la première année de vie. Pour le reste, le pédiatre que je suis n'a jamais relevé de différences au niveau psychomoteur entre les bébés nourris au sein ou au biberon. Il existe probablement un biais expliqué par des éléments de l'ordre du regard de l'entourage, du comportement maternel ou d'un regard plus attendri. »
Des motifs de refus
Lorsqu'elles ne souhaitent pas allaiter, les jeunes mamans invoquent diverses raisons. La fatigue représentée par l'allaitement est très souvent redoutée. Notamment lorsque le foyer comporte d'autres enfants en bas âge.
L'argument esthétique peut être aussi avancé par le père, qui s'arroge un certain droit de propriété sur la poitrine maternelle.
La peur de la déception existe aussi. La femme qui doit retourner au travail dans deux mois redoute cet allaitement trop court.
Un argument peut être récusé, celui de la crainte d'un lait de mauvaise qualité, inapte à faire grossir le bébé.
Le Dr Leroux constate, enfin, une moindre propension à l'allaitement dans les milieux socio-économiques défavorisés.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature