Selon l'expression de Bernard Kouchner, « Il n'y a pas que l'alcoolisme qui tue, il y aussi l'alcool ». C'est animé par ce bon sens, guère partagé par tous ceux qui boivent quotidiennement ne serait-ce que 5 verres de vin, à raison de 10 g d'alcool par verre, que le ministre délégué chargé de la Santé vient de décider de relancer la lutte contre la consommation excessive et régulière de boissons alcoolisées (« le Quotidien » du 28 septembre).
Parallèlement, la caisse d'assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et le Comité français d'éducation pour la santé (CFES) relaient la démarche de santé publique du ministère en diffusant sur les chaînes hertziennes deux spots de 30 secondes.
Le premier met en scène deux femmes, l'une ivre, l'autre, prénommée Louise, qui a bu mais tient bien le coup et dit à sa copine : « Je ne t'ai jamais vu comme ça. » Puis, une voix venue d'ailleurs explique que « Louise n'est pas ivre. Elle n'a bu que 3 verres. Mais pourtant, parce qu'elle le fait tous les jours, elle est aussi en danger. » Un dernier plan, rappelle que « 23 000 personnes meurent chaque année de cancers, de maladies digestives et neurologiques liés à leur consommation d'alcool ». Le second film se conjugue au masculin, dans un scénario identique, et, puisqu'il s'agit d'hommes, l' alter ego de Louise, lui, « n'a bu que 4 verres ». En effet, avec « l'alcool, pas besoin d'être ivre pour en mourir », à partir de 3 verres quotidiens pour une femme et de 4 chez un homme on est dans « le rouge », « en danger », d'après les normes admises par l'OMS et validées par l'INSERM. L'ivresse n'est pas l'unique et infaillible indicateur de « mise en danger sanitaire » : des milliers de buveurs ne présentant pas de signes extérieurs d'abus « font trinquer (payer) leur santé » en levant le coude plus de 3 ou 4 fois par jour.
Outre la campagne télé, d'un coût de 15 millions de francs, le CFES diffuse auprès du corps médical un guide pratique « pour que chacun puisse faire le point sur sa propre consommation » intitulé « Et vous, avec l'alcool vous en êtes où ? ». Et les généralistes vont recevoir une lettre du comité d'éducation pour la santé leur fournissant quelques clés pour repérer préventivement les buveurs à risque (« le Quotidien » du 18 septembre).
Les boissons alcoolisées sont la cause directe ou indirecte de 45 000 décès par an, ce qui constitue la deuxième cause de mortalité évitable après le tabagisme.
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