ENVIRON 10 % des AVC sont précédés de quelques heures ou quelques jours par un AIT (2,5 à 5 % des AIT se compliquent d'un AVC dans les quarante-huit heures) et jusqu'à 30% des patients ayant présenté un AIT font un jour un AVC. Troisième cause de décès dans notre pays et première cause de handicap non traumatique, l'AVC touche chaque année en France 130 000 personnes.
Lié à une obstruction temporaire d'un vaisseau cérébral, l'AIT se traduit par un déficit neurologique central ou rétinien. Sa survenue est brutale, dure peu de temps (dans deux tiers des cas moins d'une heure et dans 25 % des cas moins de cinq minutes). Il n'entraîne pas de lésions définitives du cerveau. Jusqu'à maintenant, la définition de l'AIT était fondée sur la durée dans le temps des symptômes : si le déficit neurologique durait moins de vingt-quatre heures c'était un AIT, s'il durait plus de vingt-quatre heures c'était un AVC.
Absence d'infarctus cérébral à l'imagerie.
Le développement du scanner et de l'IRM a modifié cette définition, et actuellement la prise en compte du critère temporel n'est plus de mise ; on tend vers une nouvelle définition : « L'AIT se distingue de l'AVC par une absence d'un infarctus cérébral à l'imagerie. L'AIT est un épisode bref de dysfonction neurologique, dû à une ischémie focale cérébrale ou rétinienne, dont les symptômes cliniques durent moins d'une heure. »
Le diagnostic de l'AIT est souvent difficile. Suivant la zone du cerveau atteinte, les manifestations de l'AIT sont variables : troubles du langage, troubles visuels, troubles moteurs ou sensitifs touchant la face et/ou les membres.
Les patients, si l'AIT est de courte durée, négligent les signes et souvent n'en parlent au médecin qu'à l'occasion d'une autre consultation. Le diagnostic rétrospectif est alors lié à un interrogatoire approfondi du patient et de son entourage. Inversement, le diagnostic d'AIT peut être porté à tort face à des symptômes transitoires ayant une autre étiologie.
Face à cette situation, les recommandations de l'Anaes apportent pour les professionnels un classement clair des symptômes compatibles avec un diagnostic d'AIT et soulignent l'urgence de la prise en charge, et l'administration des traitements efficaces existants.
Des messages clés.
Les « messages clés » délivrés par ces recommandations sont : pour le patient une consultation en urgence, et pour le praticien, s'il existe une suspicion d'AIT, de diriger en urgence (appel du 15) le patient vers un centre spécialisé (idéalement directement dans une unité neuro-vasculaire (UNV) pour pratiquer en première intention une IRM ou, à défaut, un scanner cérébral et, parallèlement, réaliser un bilan en première intention (ECG, et bilan biologique) et débuter au plus vite un traitement par aspirine, à la dose d'attaque de 160-300 mg/j, en l'absence de contre-indications et dans l'attente du bilan étiologique. Point important, si le scanner ou l'IRM ne peuvent être réalisés en urgence, l'instauration d'un traitement antiagrégant peut être quand même proposé, le groupe de travail de l'Anaes sur ce sujet estimant que le rapport bénéfice/risque d'une telle attitude est favorable (seulement 10 % des AVC sont liés à un saignement cérébral).
Par la suite, le traitement sera réévalué en fonction des examens approfondis réalisés et des résultats du bilan étiologique.
En définitive, l'Anaes recommande une prise en charge d'urgence de l'AIT au même titre que l'AVC. Cette notion d'urgence est d'autant plus importante que l'accident est récent. L'Anaes recommande une sensibilisation du « grand public » pour lui apprendre à reconnaître les signes d'appel d'un AIT ou d'un AVC et à les identifier comme une urgence.
Ces recommandations sont majeures, l'urgence est réelle, mais les UNV, très efficaces, nécessitant beaucoup de personnel, sont peu nombreuses sur le territoire français ; les IRM, scanners ne sont pas toujours immédiatement disponibles... et, pour ces pathologies, des disparités de prise en charge sur le territoire français existent. Si la prise en charge de l'infarctus du myocarde est rapide et bien rodée en France, de grands efforts sont à fournir pour celle de l'AIT et l'AVC.
Conférence de presse de l'Anaes. Les recommandations pour la pratique clinique « Prise en charge diagnostique et traitement immédiat de l'accident ischémique transitoire de l'adulte » sont mises en ligne sur la page du site Internet de l'Anaes : www.anaes.fr
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature