Le TEMPS DE LA MEDECINE
Des relations particulières
AUTANT IL SEMBLE naturel, spontané, pour des médecins, notamment généralistes, de prendre en charge leur progéniture, autant vis-à-vis de la famille, les choses sont différentes. Les réticences sont plus importantes. Trois des médecins interrogés par « le Quotidien » montrent des attitudes variées.
Le Dr R.-B. n'a jamais traité ses proches. Bien sûr, elle a donné son avis à ses parents, a fourni des coordonnées de spécialistes, mais elle n'a jamais pris en charge une pathologie. Elle s'est aussi efforcée de ne jamais induire le doute, de ne jamais créer une perte de confiance dans le médecin traitant. Un avis que partage le Pr Bitker, qui précise que lorsque le doute s'est installé, le patient ne sait plus qui croire. « On est totalement non-objectif avec les siens », lance-t-il.
Dans le même esprit, Michel Doré constate qu'il ne peut « prendre la distance suffisante. Traiter un proche fausse le travail. En plus je m'interdis probablement certains gestes, certaines questions. Je pense que les stratégies de prise en charge sont différentes, avec probablement un recours au spécialiste plus facile. j'ai refusé de traiter des membres de ma famille, parce que les liens sont trop forts ».
Des médecins rencontrés par « le Quotidien », c'est le Dr Bisseux qui s'est le plus investie auprès de ses proches. « J'ai traité ma mère. J'avais un objectif : la faire vivre le plus longtemps possible. La difficulté venait de ce que, hors l'auscultation cardio-pulmonaire et la prise de TA, je ne pouvais l'examiner. Ce n'est pas facile d'examiner le corps de ses parents. J'avais recours au spécialiste très facilement. J'ai également suivi ma belle-mère. Avec de moindres réticences en ce qui concerne les examens cliniques. »
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