L 'AIR des quais, des rames et des couloirs du métro parisien vont bientôt faire l'objet d'une extrême surveillance. Les ministères chargés de l'Environnement, de la Santé et des Transports ont demandé à la RATP et à la SNCF d'approfondir « les travaux d'identification des sources de pollution et de prendre les mesures de surveillance et de réduction des concentrations aéroparticulaires qui leur incombent ».
L'origine de cette décision s'explique par la mise en évidence, lors de contrôles internes, de niveaux élevés de particules en suspension dans le métro et le RER parisiens, et provenant principalement des systèmes de freinage et de guidage des freins. « La surveillance de la qualité de l'air existe depuis toujours, explique Christine Parfait, la responsable du domaine de l'expertise de l'environnement à la RATP. Nous effectuons un suivi sur le monoxyde de carbone et sur l'oxyde d'azote. Les paramètres bactériologiques sont également pris en compte afin de mieux vérifier l'efficacité du système de ventilation et des procédés de nettoyage ».
Une approche de prévention
Les différentes campagnes de mesures, qui indiquaient des niveaux élevés de concentrations particulaires, ont incité les deux entreprises de transport urbain à saisir le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF) pour en mesurer l'impact sanitaire. Dans deux avis adoptés le 5 avril et le 3 mai 2001, le CSHPF recommande une « approche de prévention afin de protéger la santé des usagers, notamment les plus fragiles », comme les asthmatiques, les enfants et les personnes âgées. Parmi les mesures suggérées, le CSHPF propose d'approfondir la surveillance des particules en suspensio, afin d'en apprécier plus précisément la taille et la nature et de renforcer les connaissances sur les concentrations en hydrocarbures aromatiques monocycliques et en dioxyde d'azote. Il énonce, en outre, des valeurs de référence horaires pour les particules, calculées pour protéger les populations sensibles qui passeraient de une heure trente à deux heures quinze par jour dans des transports circulant en souterrain à l'heure de pointe. Or, selon les deux entreprises de transport, la « durée moyenne des déplacements aux heures de pointe est inférieure à trente minutes ».
La qualité de l'air dans les espaces souterrains de la RATP et de la SNCF n'a « rien d'alarmant », se défendent les deux entreprises publiques, qui ont toutefois prévu d'intensifier leurs efforts de surveillance. Le suivi de la mise en uvre de l'ensemble des recommandations du CSHPF a été confié au préfet de région d'Ile-de-France.
« Ces mesures permettront d'apprécier précisément l'impact sanitaire subi par les passagers et d'entreprendre une étude à portée épidémiologique ou toxicologique, indique Christine Parfait. Pour réduire les particules respirables, nous devons en comprendre la source ». Les campagnes exploratoires doivent être entreprises, d'ici à la fin de l'année, sur une quinzaine de sites différents choisis selon des critères techniques. Leur coût devrait être assez élevé puisque une campagne de mesure est estimée à 150 000 francs. Des solutions techniques vont, à cette occasion, être testées.
Enfin, une étude de morbidité devrait être entreprise afin d'établir si les salariés ont subi des répercussions. « Jusqu'à aujourd'hui, aucune pathologie n'a été déclarée », précise Christine Parfait.
Mais les transports parisiens ne sont pas les seuls visés. Les ministères chargés de la santé, des transports et de l'environnement souhaitent, pour les autres agglomérations que Paris, que les préfets s'assurent que des études et une surveillance soient développées dans les enceintes ferroviaires souterraines. Ils demandent également au CSHPF de poursuivre ses travaux sur l'exposition des usagers des autres modes de transport citadins (habitacles de voitures, bus et tramway).
Europe : une campagne contre la pollution de l'air
La Commission européenne a adopté un programme baptisé « Air pur pour l'Europe », qui vise à lutter plus efficacement contre la pollution de l'air, par une meilleure application et coordination des initiatives. Celui-ci concernera notamment les émissions de particules et le niveau d'ozone dans l'air ambiant. La commission a expliqué que plusieurs directives européennes sur l'air comportaient des clauses de révision en 2004. Elle estime que le meilleur moyen de préparer cette échéance est de mettre en place un programme reprenant l'ensemble des mesures en vigueur pour la réduction de ce type de pollution.
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