Antiquités
PARDON pour les napoléonophobes qui nous lisent, mais c'est encore l'Empereur qui tient la vedette dans le programme hebdomadaire des enchères, dans la ville des Adieux, devenue un des hauts lieux de la napoléonomania. Avec les honneurs et derrière une aigle de drapeau intacte et en bronze doré, modèle 1804, symbole, par excellence, de l'honneur militaire, que chaque régiment devait défendre jusqu'à la mort. Le « coucou », comme disaient les soldats de la Grande Armée, pourrait s'envoler jusqu'à 50 000 euros.
Plus anecdotique, une grosse clé rouillée et usée intrigue par sa banalité et son prix d'estimation (2 000/3 000 euros). Il s'agirait, avec un léger conditionnel, de la clé de la ferme du Caillou, où Napoléon avait installé son QG, la veille de Waterloo ; un objet hautement historique, donc.
On ne parle plus d'histoire, mais de fétichisme, avec les objets ayant touché, ou seulement approché, la personne de l'Empereur. Le plus surprenant est un morceau de cire blanche, fragment d'une bougie ayant veillé, à Sainte-Hélène, la dépouille impériale, et débitée ensuite en reliques, à la manière de la vraie Croix ! L'estimation, relativement modeste, est de 500/600 euros. Dans le même esprit idolâtre, un assemblage de tomettes et de fragments de tenture provenant de la maison natale d'Ajaccio est crédité de 4 000/5 000 euros.
L'inévitable mèche de cheveux ne manque évidemment pas à l'appel, mais les experts ne les acceptent qu'avec circonspection et dûment certifiés par un emballage d'époque avec écriture d'époque. C'est le cas de ces dix poils en bataille (estimés 1 200/1 500 euros) contenus dans un cadre ovale avec une inscription à la plume attestant la provenance directe de Sainte-Hélène via le grand maréchal Bertrand et le général Morand.
De même provenance, mais plus sérieux (4 000/5 000 euros), un paravent chinois de laque rouge a lui aussi assisté aux derniers moments de l'empereur.
La personne de Napoléon n'est pas la seule concernée par cette quête au souvenir.
Les autres aussi.
L'époque est féconde en personnalités hors du commun qui ont aussi leurs admirateurs... et des descendants en possession d'objets intéressants. A commencer par les femmes. La préférée, c'est Joséphine, mais les souvenirs directs de la première épouse sont rares. Ceux de sa fille Hortense et des sœurs de l'empereur le sont un peu moins.
Une tasse en porcelaine de Sèvres ornée d'un profil antique provient d'un service offert par l'empereur à Hortense à l'occasion du baptême du Roi de Rome. De Sèvres également, un vase à l'effigie de Caroline et une boîte à gants plaquée d'ivoire lui ayant appartenu, ainsi qu'une chevalière en or et émail portant une inscription apocryphe. Le bijou le plus intéressant est une bague-montre ovale en or émaillé serti de roses, donnée par Napoléon à Berthier et estimée 25 000/30 000 euros, un bijou plutôt féminin, que le maréchal n'a certainement pas porté lui-même.
On écrivait beaucoup à l'époque, et la vente s'ouvre sur plusieurs centaines d'autographes. Elle contient aussi quelques beaux portraits, comme celui du maréchal Ney, attribué à Joseph Kinson, estimé 20 000/25 000 euros, et un lavis de Greuze, crédité de 60 000/80 000 euros, en relation avec un célèbre portrait en pied du premier consul conservé au Musée de Versailles.
Samedi 31 janvier et dimanche 1er février, 10 h et 14 h, vendredi 6 février, 14 h, 5, rue Royale, SVV Osenat.
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