L'opération Plus de vie

À l'aide des personnes âgées hospitalisées

Publié le 06/10/2008
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COMBATTRE la douleur, la solitude et l'isolement des personnes âgées hospitalisées en finançant des projets adhoc, tel est l'objectif de l'opération Plus de vie, organisée chaque année depuis 1997 par la fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France, que préside Bernadette Chirac. Jusqu'au 31 octobre, il est fait appel à la générosité de chacun pour concrétiser «le plus grand nombre des 600projets qui restent en attente pour améliorer l'autonomie et le quotidien de nos aînés pris en charge dans les services gériatriques».

L'an dernier, la campagne menée avec pour parrain Henri Salvador avait permis de recueillir 2 millions d'euros «pour créer des espaces famille, des salons de coiffure, des cuisines thérapeutiques et d'acquérir des matelas antiescarres, des fauteuils roulants ou bien encore des minibus, afin d'améliorer les conditions de vie de ceux auxquels nous devons tout», martèle Bernadette Chirac. Cette année, c'est Mireille Darc qui reprend le flambeau, aux côtés d'Aimé Jacquet, présent depuis 1998. L'actrice, qui vient d'achever un documentaire sur la fin de vie, explique son engagement. «Cette partie de la vie va devenir la nôtre et il me semble aujourd'hui essentiel qu'on la mette en lumière et qu'on en parle.» Michel Drucker va le faciliter en proposant une soirée spéciale en direct sur France 3, le 13 octobre.

Cela suffira-t-il pour atteindre les 4 millions d'euros qui seraient nécessaires pour concrétiser tous les projets de l'association ? Cette année, rien n'est moins sûr, et Bernadette Chirac soupire à la crainte «que la brutale crise financière qui frappe aujourd'hui l'Europe couplée à la hausse du coût de la vie n'entache la générosité des Français». Le Pr Joël Ankry, responsable de l'hôpital de jour du groupe hospitalier Sainte-Périne-Rossini-Chardon-Lagache (Paris), où a été lancé Plus de vie 2008, rappelle qu'il s'agit de venir en aide «à ceux qui ont créé et produit les richesses d'aujourd'hui». Alors que des besoins nouveaux se font jour. Les structures d'accueil des personnes âgées doivent aujourd'hui s'adapter aux plus de 85 ans, en passe d'y devenir majoritaires. Le Dr Jean-Laurent Le Quintrec, qui pilote un service de gériatrie dans ce même hôpital parisien, indique que la moyenne d'âge de ses patients a augmenté de dix ans depuis ces quatre dernières années. Joël Ankry n'hésite pas à parler de «jeunes âgés» pour les personnes de 80 à 90 ans, compte tenu du nombre exponentiel de centenaires. On compte actuellement en France 640 000 personnes âgées hospitalisées, dont 25 % ont plus de 90 ans. Au-delà des chiffres, Bernadette Chirac insiste sur l'absolue nécessité de venir en aide «à ces nombreuses personnes qui vivent de plus en plus longtemps, mais qui n'ont pas toute la chance de bien vieillir».

Le modèle des baluchonneuses.

Les aides ne doivent pas concerner exclusivement les personnes hospitalisées et la présidente de la fondation mesure par exemple les bénéfices de la technique du « baluchonnage » présentée par le Dr Marie Gandon, qui l'a créé au Québec. Il s'agit d'apporter un service inédit de répit et d'accompagnement à domicile aux aidants de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. «Ceux qui accompagnent les malades au quotidien ressentent le besoin d'un repos physique et psychologique durant quelques jours. Comment prendre un week-end sans changer le malade d'environnement?» Avec le baluchonnage, une personne vient habiter avec le patient pendant l'absence de la famille. Béatrice Poey, qui dirige une maison de retraite en Auvergne, s'en inspire pour développer de nouveaux services, mais elle dénonce aussi les obstacles mis par notre code du travail, qui freine le développement des « baluchonneuses » dans notre pays. «Il n'est pas permis de travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre et j'estime que pour aider nos aînés cela devrait le devenir.»

Plus de vie soutient cette initiative puisque le développement de la solidarité passe par deux formes de générosité : du temps et de l'argent.

Opération Plus de vie, 13, rue Scipion, 75005 Paris, www.plusdevie.fr, tél. 36.32 le 13 octobre pendant l'émission sur France 3.

Plus de 2 600 projets

Depuis sa création en 1997, l'opération Plus de vie a permis de subventionner plus de 2 600 projets, au bénéfice de 945 hôpitaux.

La lutte contre la douleur est une des priorités, avec notamment le financement de plus de 1 000 pompes. Autres champs d'action : le rapprochement des familles, le développement d'activités et l'amélioration de l'accueil et du confort.

> LAURENCE MAUDUIT

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8434