C'est sur le plan environnemental que le mode de production biologique, parce qu'il proscrit le recours aux produits phytosanitaires de synthèse, les mésusages en tous genres ainsi que les contaminations croisées, semble creuser l'écart le plus net avec l'agriculture dite traditionnelle. Même si les experts de l'AFSSA soulignent que l'enquête, à cet égard, doit continuer.
Sur le plan nutritionnel, les différences entre les agricultures sont moins prouvées, avec des études dont les résultats sont parfois contradictoires : les facteurs de variation que sont la saison, le climat, le développement ou le stockage influent davantage, semble-t-il, que le mode d'agriculture proprement dit. Quelques données font cependant état de l'effet positif sur la teneur en vitamine C de la pomme de terre bio, de la plus faible teneur en protéines des céréales bio, de l'augmentation des teneurs en acides gras polyinsaturés des produits animaux bio, ainsi que la teneur en polyphénols supérieurs dans les fruits et les légumes bio.
Sans risque d'antibiorésistance
Mais, du point de vue de la santé humaine, le rapport d'étape fait ressortir deux raisons de choisir le mode de production biologique : celui-ci respecte un cahier des charges très restrictif dans l'utilisation des médicaments vétérinaires, en privilégiant le recours aux substances à base de plantes et aux traitements homéopathiques. En ce qui concerne les antibiotiques, il n'autorise que les traitements curatifs et bannit toute utilisation en tant que facteur de croissance. Même si, notent les experts, les relations entre taux de résistance aux antibiotiques et pression de sélection sont complexes et même si l'agriculture traditionnelle adopte progressivement des restrictions, il y a là un plus incontestable dans la problématique générale liée à l'antibiorésistance.
L'autre succès du bio, acontrario, c'est l'affaire de la vache folle : l'interdiction de toute farine animale en élevage biologique, et cela depuis de nombreuses années, a « probablement contribué à limiter l'émergence directe de cette maladie (...) D'ailleurs, les rares cas de vaches bio avec une encéphalopathie spongiforme bovine en France correspondaient toujours à des vaches nées dans des élevages conventionnels dont la contamination a été découverte après leur conversion en mode d'élevage biologique ».
De même, s'agissant des risques potentiels liés aux organismes génétiquement modifiés, sauf des cas de dissémination fortuite en provenance de cultures OGM conventionnelles, l'agriculture bio est naturellement indemne de toute suspicion présente et à venir.
La moitié des fruits et légumes français contiennent des pesticides
La sixième étude annuelle publiée par la direction de la Santé de la Commission européenne, confirme qu'en dépit des mises en garde réitérées chaque année, les agriculteurs n'ont toujours pas modifié leurs mauvaises habitudes : trop d'applications de pesticides, dans des délais avant récoltes trop courts. Résultat : sur 43 000 échantillons en provenance de 18 pays européens, 41 % présentent des traces de pesticides et 3,9 % au-delà des seuils réglementaires.
Première utilisatrice de ces produits en Europe, la France enregistre le taux taux record de 6,1 % de produits hors les normes. Avec une mention spéciale pour les fraises et les laitues, chargées en pesticides pour les deux tiers de leurs échantillons.
L'AFSSA se garde de donner quitus aux agriculteurs bios, le caractère naturel des pesticides qu'ils utilisent n'excluant pas pour autant leur toxicité potentielle pour l'homme, bien qu'ils soient plus facilement dégradable.
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