De notre correspondant
L' ETUDE a consisté à suivre pendant une décennie 1 364 enfants élevés dans des conditions diverses, depuis la crèche jusqu'à la nounou en passant par les centres d'éducation de jour avant la maternelle.
Les auteurs, dirigés par le Dr Jay Belsky, un Britannique qui a passé de nombreuses années à Minneapolis, estiment que 17 % des enfants qui passaient plus de trente heures par semaine dans un centre éducatif étaient considérés comme agressifs à l'âge de 4 ans ou 4 ans et demi, par les éducateurs et par leurs propres mères, alors que 6 % seulement des enfants surveillés pendant moins de dix heures par semaine étaient passibles du même jugement. La moyenne de temps passé sous surveillance pour tous les enfants suivis était de 26 heures par semaine.
Selon les auteurs, l'agressivité des enfants n'a aucun lien avec leur statut social. Elle apparaît chez ceux qui viennent des milieux prospères comme ceux des familles pauvres. En revanche, selon le Dr Belsky, « nous avons noté un rapport "dose-réponse" constant entre le temps passé sous la surveillance des éducateurs et l'accroissement de l'agressivité ». Le Dr Belsky va jusqu'à en tirer des conclusions sociologiques quelque peu révolutionnaires dans un pays où les femmes travaillent presque aussi souvent que les hommes : « S'il se confirme que le temps passé dans les institutions réservées aux tout-petits nuit à leur équilibre, il est clair que les familles doivent consacrer plus de temps à leurs enfants et que l'un des deux parents doit envisager de travailler à temps partiel », a-t-il déclaré. Le Dr Belsky a aligné une série de qualificatifs impressionnants pour décrire le comportement des enfants confiés aux éducateurs : ils participent à toutes les bagarres, ils sont cruels, ils ont une conduite explosive, ils parlent sans arrêt, ne cessent pas de discuter les consignes et réclament énormément d'attention.
Le Dr Sarah Friedman, qui a participé à l'étude, s'est placée en deçà de la prise de position du Dr Belsky. Elle a déclaré que l'agence fédérale à laquelle elle appartient, le National Institute of Child Health and Human Development (qui a financé l'étude), n'a pas du tout l'intention de faire de nouvelles recommandations aux familles américaines.
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