L'AGE des maternités croît régulièrement en France depuis les années 1980. Les échecs sont le plus souvent attribués à la femme qui a dépassé les trois décennies. Un travail français mené par une équipe Inserm-Ined, celle de Rémy Slama (hôpital du Kremlin-Bicêtre), implique dorénavant le père. Ici, dans la survenue d'une fausse couche chez sa compagne.
Les chercheurs se sont associés à des Américains et à des Allemands pour analyser les données d'une étude prospective réalisée entre février 1990 et septembre 1991, en Californie. L'enquête avait été menée par téléphone auprès de 5 121 femmes qui avaient perdu leur enfant avant la 13 e semaine.
On a constaté un risque de fausse couche spontanée majoré d'environ 30 % lorsque le géniteur dépasse 35 ans. Il ne s'agit pas d'un âge seuil, préviennent les chercheurs ; en effet, le risque augmente progressivement avec le vieillissement paternel. Par rapport à des hommes de 25 ans, ceux de 45 ans doublent le risque chez leur partenaire.
En tenant compte du vieillissement du père, l'impact négatif de l'âge maternel sur ce risque est abaissé de quelque 20 %.Les auteurs tirent deux conclusions.
La première est simple et probablement sous-estimée. Dans un couple de 35-40 ans, qui conçoit un enfant un peu tardivement, cette fausse couche va retarder de plusieurs mois la tentative de maternité suivante, sur laquelle pèsera davantage le poids de l'âge encore augmenté des parents.
La seconde doit être retenue avec prudence. Chez les femmes de moins de 30 ans, le risque relatif d'avortement spontané dû à un père de plus de 35 ans est de 1,56 au cours du premier trimestre, contre 0,87 au second. L'association avec l'âge paternel semble être plus forte au cours du premier trimestre de la grossesse. Mais un doute persiste en raison du faible nombre de fausses couches enregistrées au cours du deuxième trimestre dans l'étude.
« American Journal of Epidemiology », 2005, vol. 161, 1er mai 2005, pp. 816-823.
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