LES ANOREXIGÈNES ont été retirés du marché par l’Agence du médicament en septembre 1997, en raison d’un risque pulmonaire et cardiaque avéré, en particulier pour des durées d’utilisation supérieures à trois mois. Le risque d’hypertension artérielle pulmonaire avait été évoqué par une enquête française de pharmacovigilance et confirmé par l’étude Iphs (International Pulmonary Hypertension Study) publiée dans le « New England Journal of Medicine ». Selon cette étude, le risque de développer une Htap est de dix à vingt fois plus élevé chez des personnes ayant pris des anorexigènes que dans la population générale. Une nouvelle étude, publiée le 2 février dernier dans la version en ligne du bimensuel « American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine » (Ajrccm), conduit les autorités sanitaires à appeler médecins et patients à la vigilance.
L’étude, réalisée par une équipe française dirigée par les Prs Gérald Simonneau et Marc Humbert, avait pour objectifs de déterminer la fréquence de l’Htap dans la population générale et de décrire les caractéristiques cliniques de la maladie. Elle a été conduite d’octobre 2002 à octobre 2003 dans 17 centres hospitalo-universitaires (CHU) et a inclu 674 patients âgés de de 18 à 85 ans. Selon les estimations les plus basses, la prévalence de l’Htap serait de 15 cas par million d’habitants, pour une incidence de 2,4 cas par million d’habitants et par année. Si, dans 40 % des cas, l’Htap est idiopathique, dans les 60 % restants, une cause a pu être identifiée. En particulier la prise d’anorexigènes sur une période de moins de trois mois à plusieurs années est évoquée dans l’historique du patient dans 9,5 % des cas (64 patients). Pour ces 64 patients, le délai entre la dernière prise d’anorexigènes et la survenue des premiers symptômes allait de deux ans à plus de cinq ans (43,5 % des cas).
Essouflement, malaise, douleur.
«L’étude est un élément supplémentaire pour indiquer que l’Htap peut se déclarer plus de cinq ans après l’utilisation d’un anorexigène», déclare l’Afssaps. Dans ce contexte, l’Agence «recommande aux patients ayant été traités par anorexigènes et qui présenteraient des signes pouvant évoquer une hypertension artérielle pulmonaire (essoufflement, malaise à l’effort, douleur dans la poitrine) , de consulter leur médecin traitant». Les femmes sont les plus concernées par la prise de ces « coupe-faim » (Isoméride, Pondéral, Anorex, Modératan), utilisés dans le cadre d’un amaigrissement. Une liste des anciennes spécialités concernées est disponible sur le site de l’Afssaps*. La liste inclut aussi toutes les préparations magistrales (« amaigrissantes ») contenant un ou plusieurs de ces principes actifs cités. L’Agence rappelle que, bien qu’elle soit rare, la maladie reste grave. Cependant, les symptômes initiaux, peu spécifiques, sont communs à des pathologies très diverses, et l’Htap est souvent diagnostiquée tardivement. Dans la dernière étude française, 75 % des patients en étaient déjà aux stades III et IV d’insuffisance cardiaque (classification de la New York Heart Association).
Afin d’alerter les médecins, l’Afssaps et la Direction générale de la santé (DGS) vont leur adresser un courrier avec une information détaillée sur les modalités de prise en charge des patients pour lesquels le diagnostic d’Htap doit être évoqué.
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