D U sommet d'Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, où, durant deux jours, plus de la moitié des chefs d'Etat membres de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) ont tenu une conférence sur les grandes pandémies (SIDA, tuberculose et paludisme, notamment), on retiendra la volonté manifeste des chefs d'Etat africains de considérer désormais le SIDA comme « un état d'exception sur leur continent ». Un état à combattre d'urgence, avec de grands moyens.
Dans une déclaration et un plan d'action communs, les présidents africains se sont notamment engagés à lever les tarifs douaniers sur les médicaments et à consacrer 15 % de leurs budgets à la santé. Des engagements concrets, mais financièrement lourds pour les économies fragiles des pays africains. « Nous nous engageons également à dégager les ressources nécessaires pour une riposte multisectorielle globale et à veiller à ce qu'une partie appropriée et adéquate de ce montant soit mise à la disposition des comités ou conseils nationaux de lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et les autres maladies infectieuses connexes », indique le texte de la déclaration commune. « C'est très élevé, mais il n'y a pas d'autres choix, parce qu'il est certain que, pour le moment, les dépenses ne sont pas du tout suffisantes », a déclaré Peter Piot, directeur de l'agence ONUSIDA. Cette année, le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, avec 120 millions d'habitants et un taux de prévalence du VIH de 5,4 % en 1999, consacre 14 millions de dollars à la lutte contre le SIDA. Appliquer la règle des 15 % prévue reviendrait à dégager un poste budgétaire cent fois plus important.
Toujours pour faciliter l'accès aux soins, les chefs d'Etat africains ont décidé de « prendre des mesures immédiates pour les exonérations fiscales et autres incitations en vue de la réduction du prix des médicaments et de toutes les autres fournitures dans les services de soins de santé pour une amélioration accélérée de la santé des populations ». En ce qui concerne l'accès aux médicaments, ils prévoient de « promulguer et appliquer les législations appropriées, et utiliser les règlements commerciaux internationaux pour assurer la disponibilité des médicaments à des coûts abordables ».
Comme l'a proposé le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, les chefs d'Etat ont déclarés qu'ils soutiendraient la mise en place d'un fonds de lutte contre le VIH/SIDA de 7 à 10 milliards de dollars.
Selon les dernières données de l'ONUSIDA, 25,3 millions d'habitants de l'Afrique subsaharienne vivaient avec le VIH à la fin 2000, soit 70 % des quelque 36,1 millions de personnes affectées dans le monde.
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