A LA VEILLE de la Journée mondiale de la tuberculose, qui commémore la découverte par Robert Koch, le 24 mars 1882, du bacille qui porte son nom, l’OMS a rendu public son dixième rapport annuel sur la lutte contre la maladie. On dispose désormais de données sur onze années consécutives, de 1994 à 2004, pour mesurer les progrès accomplis et ceux qui restent à faire.
Au total, 200 pays et territoires (sur 211) ont fait parvenir à l’OMS un rapport pour l’année 2004. Cela permet d’estimer le nombre de nouveaux cas à 8,9 millions (140 pour 100 000 habitants), parmi lesquels 3,9 avaient un frottis positif et 741 000 étaient des adultes porteurs du VIH. Plus de 80 % des nouveaux patients habitaient en Afrique, en Asie du Sud-Est ou dans le Pacifique occidental. Au total, 14,6 millions de personnes dans le monde étaient touchées (229/100 000), parmi lesquelles 6,1 millions avaient un frottis positif. Le nombre de décès est estimé à 1,7 million (27 pour 100 000), y compris les co-infections tuberculose-VIH (248 000).
Le dépistage s’améliore.
En 2004, 183 appliquaient la stratégie Dots, que l’OMS a décidé de renforcer (« le Quotidien » du 20 mars).
Entre 1995 et 2004, 21,5 millions de patients atteints de tuberculose et 10,7 millions de sujets à frottis positif ont suivi un traitement dans ce cadre. A la fin de 2004, l’extension de la stratégie Dots était achevée dans neuf des pays les plus touchés et sur le point de l’être dans cinq autres. Le Pakistan a fait état d’une couverture complète à la fin de l’année dernière et la couverture par la stratégie Dots s’est considérablement étendue en Afghanistan, au Brésil, en Inde et dans la fédération de Russie.
Une stratégie de dépistage qui porte ses fruits : l’augmentation du nombre de cas à frottis positif n’a jamais été aussi forte qu’entre 2003 et 2004 (350 000, contre une augmentation annuelle moyenne de 134 000 entre 1995 et 2000). Selon le rapport, si l’accélération du dépistage se poursuit, les programmes Dots devraient avoir permis de détecter plus de 60 % des cas en 2005. Mais l’objectif fixé pour 2005 par l’Assemblée mondiale de la santé était de dépister 70 % des nouveaux cas à frottis positif et de traiter avec succès 85 % d’entre eux.
Suivi difficile.
Ce dernier objectif n’était pas loin d’être atteint, avec un taux de succès thérapeutique de 82 % en moyenne dans la cohorte Dots de 2003. Deux régions étaient cependant à la traîne : l’Afrique, avec 72 %, principalement à cause des complications de l’association tuberculose-VIH ; et… l’Europe, avec 75 %, en partie en raison des pharmacorésistances. Des résultats médiocres qui s’expliquent également par l’incapacité des programmes Dots, dans ces deux régions, à assurer le suivi des résultats du traitement pour l’ensemble des patients.
L’OMS estime que, à la fin de 2004, 26 pays avaient atteints les objectifs. Mais deux seulement, dans le groupe des plus touchés, les Philippines et le Vietnam. A la fin de 2005, dans le même groupe, le Cambodge, la Chine, l’Inde, l’Indonésie et le Myanmar pourraient aussi avoir atteint les objectifs mondiaux.
La mise en oeuvre du plan mondial, conclut l’OMS, devrait permettre d’inverser la tendance à l’augmentation de l’incidence à l’échelle mondiale d’ici à 2015, comme le prévoient les objectifs du Millénaire pour le développement, et de réduire de moitié, dans la plupart des régions, les taux de prévalence et de mortalité de 1990. Sauf, encore une fois, en Afrique et en Europe de l’Est.
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