ÉDITORIAL

L'affaire Schiavo

Publié le 23/03/2005

Article réservé aux abonnés

Terri Schiavo est cette Américaine plongée dans le coma depuis 15 ans et pour qui M. Bush et le Congrès se sont mobilisés afin que la médecine continue à la maintenir en vie. Il s'agit d'un cas rare qu'on peut considérer comme borderline dans le champ de l'euthanasie. De ce point de vue, l'intervention du président et des parlementaires en faveur d'une vie peut être approuvée, même s'il est évident que l'opération est aussi politique.
Ce qui est plus intéressant, c'est la façon dont les pouvoirs législatif et exécutif se sont dressés contre le pouvoir judicaire. Après avoir, en urgence, rédigé, voté et signé une loi permettant aux juges de statuer pour ce qui est une forme d'acharnement thérapeutique, ils ont souligné que leur démarche était exceptionnelle et que la loi avait été conçue uniquement pour Mme Schiavo.
S'ils ont ajouté ces réserves, c'est parce que ni M. Bush ni son parti n'ignorent qu'ils ont procédé en l'occurrence à une sorte de coup de force démocratique : dans un pays où ce sont toujours les juges qui ont fait évoluer la société (émancipation des Noirs, discrimination positive, avortement), la politique est intervenue soudainement et brutalement dans la procédure judiciaire.
Peine perdue. Le juge de Floride, doté de ce nouvel instrument de la législation fédérale, n'a pas cru bon d'y avoir recours. Il a refusé d'ordonner que Mme Schiavo soit de nouveau alimentée. Le troisième pouvoir a conservé son indépendance.

> RICHARD LISCIA