VOS MALADES ONT LU
PAR LE DR DOMINIQUE BRILLAUD
« Pour la Science », mai
L'hôpital Laennec, après quatre cents ans de bons et loyaux services auprès des Parisiens, a fermé ses portes il y a quelques mois. Une telle constance valait bien quelques pages d'histoire, rédigées par le dernier chef et le dernier cadre préparateur du service de pharmacie du dernier « survivant de ces structures hospitalières charitables, fruit d'une initiative et d'un engagement de particuliers ». Les auteurs montrent comment, en dépit des vicissitudes financières et des fluctuations des pathologies, l'hôpital Laennec a non seulement subsisté, mais aura finalement « atteint une renommée internationale par la qualité de ses traitements, le rayonnement de son enseignement et sa contribution à l'innovation ». Les auteurs nous montrent en effet l'hôpital des Incurables du XVIIe siècle se dégrader au cours du XVIII e, fermer complètement ses portes aux alentours de 1870, renaître sous le nom de Laennec quelques années plus tard, se faire pionnier dans la lutte contre les germes, puis contre la tuberculose, puis en chirurgie, tout spécialement oto-rhino-laryngologique et thoraco-pulmonaire, devenir enfin « le lieu privilégié d'une médecine de pointe réclamée par des patients informés ». Belle histoire qui mérite d'être méditée, ajoutent les auteurs, « au moment où l'hôpital public et les acquis d'une médecine d'excellence sont remis en cause ».
Rire et soleil thérapeutes
« L'Express », 10 mai
Deux nouvelles thérapies sont à l'honneur dans « l'Express » de cette semaine : l'une comme l'autre font appel à des remèdes fort anciens, l'un vieux comme le monde, le soleil, l'autre vieux comme l'homme, le rire. Le premier est « un anti-inflammatoire très efficace », renforce la barrière cutanée, permet la synthèse de la vitamine D. Aussi et peut-être surtout, il agit comme « un régulateur de l'humeur », explique « l'Express », ce qui rend la grisaille des derniers mois tout à fait préjudiciable aux insomniaques et aux victimes de SAD ou troubles affectifs saisonniers, et tout à fait avantageuse pour les fournisseurs de lampes de 5 000 lux ou les organisateurs de voyages au soleil.
Quant l'hilarothérapie, elle a désormais l'aval des chercheurs qui ont démontré que « l'intervention des augustes auprès des petits malades permet de diminuer de 20 % l'usage des anesthésiques et de réduire la durée des hospitalisations ». Il a aussi l'aval de la Communauté européenne et des autorités de la région de Toscane, qui ont subventionné la « formation de clowns médecins » en Italie. Le héraut de cette thérapie de plus en plus officielle dans les services de pédiatrie européens est originaire de Russie, exerce avec son équipe ses talents à Florence, à Naples et à Rome et assure la formation approfondie des clowns récemment recrutés.
Aux mères déboussolées
« Avantages », mai
« A chaque génération ses vérités » : cette certitude s'applique particulièrement bien à la puériculture, comme le montre aisément « Avantages » à l'aide de quelques exemples. Ainsi, le bébé a-t-il « accompli trois rotations en trois décennies », d'abord couché sur le dos, puis sur le ventre, puis sur le côté ; il s'est vu tantôt imposer, tantôt retirer sa tétine ; on l'a gavé, puis on l'a fait manger quasiment comme un adulte à 3 mois, désormais on le met au régime minceur ; on l'a vissé sur son pot à partir de 6 mois et on attend désormais patiemment que ses sphincters le conduisent vers les toilettes ; on le voulait sans cesse stimulé pour plus d'intelligence et on plaide aujourd'hui pour sa tranquillité ; on l'a arraché avec horreur du lit de ses parents, pour l'y remettre aujourd'hui sans remords apparents.
« Avantages » s'efforce de démêler ce qui relève des tâtonnements normaux du corps médical à la recherche du mieux, des manies de pédiatres et de psy médiatisés, des modes lancées par « le marketing, le commerce, l'édition et la pub ». Et s'il trouve de bonnes raisons médico-psychologiques pour laisser les bébés sur le côté ou pour ne pas accélérer le passage sur le pot, il laisse en suspens les questions de tétines et de lit des parents, met l'hyperprotection du tout-petit au rang des excès, se moque gentiment des « vérités parfois contradictoires assénées par les icônes de notre temps que sont Pernoud, Dolto, Dodson, Brazelton » et fait finalement appel au bon sens des parents, sachant qu'« il n'y a pas de façon de faire parfaite ».
Etes-vous en forme ?
« Côté femme », 9 mai
Onze questions permettent de mesurer la « forme générale » des lectrices de « Côté femme » et il en faut douze pour identifier l'origine de l'éventuelle « baisse de forme » constatée. Bien sûr, le magazine prend bien soin de préciser que « ce test ne remplace pas une consultation » ; il la préparerait plutôt. En effet, ayant rapidement éliminé les fatigues conjoncturelles qui ne résistent pas « à une ou deux bonnes nuits de sommeil », le magazine impose une consultation médicale à tous les autres fatigués, qui n'échapperont pas tous à des examens complémentaires. Rien n'interdit cependant de donner à ces fatigués en instance de consultation quelques éléments d'orientation étiologique. Le stress, des troubles du sommeil, des carences alimentaires ou une maladie peuvent donc être à l'origine de la « baisse de forme » décelée, chacun de ces maux méritant un petit commentaire spécialisé. Le cognitiviste est ainsi appelé en renfort pour traiter le stress, la neurologue spécialiste du sommeil s'occupera des insomnies, tandis que l'omnipraticien sera chargé des carences alimentaires et des multiples maladies dont la fatigue peut être le signe.
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