L'adrénaline est indiquée pour le traitement de l'anaphylaxie chez l'adulte, « lorsque des signes de menace vitale sont réunis », rappellent Sarah Johnston et coll. A savoir : choc, hypotension, bronchospasme ou oedème laryngé. Le produit doit être donné d'abord par voie intramusculaire (0,5 mg en solution à 1 pour 1 000), la dose de 1 mg (en solution à 1 pour 10 000) par voie intraveineuse, devant être réservée aux patients en état de péril vital immédiat ou en cas d'indication particulière (par exemple, une anaphylaxie causée par un anesthésique).
Il existe un danger à utiliser de l'adrénaline de manière inappropriée, comme pour traiter une urticaire légère ou un angio-oedème en l'absence de signes respiratoires ou cardio-vasculaires d'anaphylaxie. En témoignent deux histoires de cas rapportées dans le « British Medical Journal ».
Un angio-oedème bénin idiopathique
M. I.A., 64 ans, souffre depuis 15 ans d'un angio-oedème bénin idiopathique, prédominant au niveau de la face et affectant particulièrement la langue. A côté de cela, ses antécédents comportent un diabète de type 2 et une HTA. Aucun épisode menaçant n'est intervenu dans l'évolution de l'angio-oedème. Mais à deux occasions, le patient a dû aller aux urgences. Et les urgentistes ont alors conseillé de l'adrénaline en présence de l'angio-oedème. A l'une de ces occasions, le patient a ressenti une oppression thoracique centrale et l'ECG a enregistré des modifications ischémiques. La TA est montée jusqu'à 210/115 mm Hg, nécessitant une prise en charge par antagoniste calcique. Les antihistaminiques classiques sont finalement venus à bout de l'angio-oedème.
Mme S.A., 40 ans, s'est présentée à l'hôpital pour une urticaire généralisée, associée, là aussi, à un angio-oedème de la face. Ces manifestations se sont développées très rapidement, dans les 30 minutes qui ont suivi la prise de pseudo-éphédrine et de diphénhydramine, données pour une sinusite aiguë. La patiente avait un antécédent d'asthme léger, mais rien du côté cardiaque. L'observation écrite à l'arrivée à l'hôpital mentionne l'urticaire et l'angio-oedème, mais aucun élément menaçant au plan vital. On lui administre 1 mg d'adrénaline, de la chlorpromazine et de l'hydrocortisone par voie intraveineuse. C'est alors qu'elle déclare une tachycardie ventriculaire suivie d'un arrêt cardiaque. La réanimation permet de restaurer un rythme sinusal. L'histoire a heureusement eu des suites simples : la patiente est sortie de l'hôpital sans séquelles et est demeurée en bonne condition, avec comme consigne d'éviter la pseudoéphédrine et la diphénhydramine.
L'adrénaline combat les symptômes de l'anaphylaxie par ses effets sur les récepteurs alpha et bêta à l'adrénaline. Elle réduit la vasodilatation périphérique, l'oedème, induit une bronchodilatation, possède des effets inotrope et chronotrope positifs sur le myocarde et supprime la libération de médiateurs.
Un manque d'études contrôlées
L'utilisation dans l'anaphylaxie n'est pas controversée, en dépit du manque de données provenant d'études contrôlées. Toutefois, rappellent les auteurs, un angio-oedème n'affectant pas le larynx n'est pas une indication. L'anaphylaxie fatale est rare : un registre établi en 1992 ne rapporte pas plus de 20 cas annuels au Royaume-Uni (la moitié sont iatrogènes, un quart en relation avec l'allergie alimentaire et un quart lié à l'allergie au venin). Pourtant, plus de 100 000 seringues à adrénaline ont été prescrites pour un usage en ville.
« British Medical Journal »., vol. 326, 15 mars 2003, pp. 589-590.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature