LE SYNDROME métabolique pourrait tirer ses origines d'un mécanisme d'adaptation au froid lors des migrations des populations au fil de l'Histoire.
Il y a plus de cent ans, on a observé que les personnes vivant dans les régions froides avaient une forte corpulence et des bras et des jambes relativement courts. Dans les années 1950, on a trouvé une relation entre les climats froids et un accroissement de l'indice de masse corporelle (IMC). Dans la dernière édition de « PLoS Genetics », une équipe de Chicago rapporte une forte corrélation entre le climat et de nombreux variants génétiques qui influencent le risque métabolique, ce qui suggère que ces variants ont joué un rôle essentiel dans l'adaptation au froid.
«Nos ancêtres lointains vivaient dans un climat chaud et humide, d'où des capacités de dispersion de la chaleur, explique Anna Di Rienzo, de l'université de Chicago. Lorsque des populations ont migré hors d'Afrique vers des climats bien plus froids, il a dû y avoir une pression d'adaptation aux nouvelles conditions de vie avec stimulation de processus capables de produire et de conserver la chaleur. Des milliers d'années plus tard, dans des régions qui associent chauffage central et surabondance de nourriture, ces altérations génétiques ont une tout autre signification. Elles modifient notre sensibilité à un nouveau groupe de maladies, comme l'obésité, les maladies coronariennes et le diabète de type2.»
Les chercheurs de Chicago ont sélectionné 82 gènes associés au métabolisme énergétique et cherché des variations en fonction du climat (latitude, températures estivale et hivernale). L'étude a été conduite chez 1 034 personnes appartenant à 54 populations. On a découvert des corrélations entre la fréquence de certaines variations génétiques et les climats froids. Une version du gène du récepteur de la leptine est trouvée avec une fréquence accrue dans des zones où l'hiver est froid ; cet allèle semble protecteur contre le syndrome métabolique. Parmi les autres gènes qui varient selon le climat, plusieurs sont impliqués dans la production de chaleur, le métabolisme du cholestérol, l'utilisation énergétique et la régulation de la glycémie. «Tous ces gènes semblent impliqués dans l'adaptation métabolique aux climats froids, mais ils ont des effets opposés sur le risque de syndrome métabolique.»
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