L'OSTÉOPOROSE qui s'observe dans l'hyperthyroïdie n'est pas exclusivement liée à l'augmentation des concentrations en hormone thyroïdienne. Une réduction des taux sériques de TSH peut y contribuer également, comme l'ont montré des études récentes chez l'homme comme chez la souris. Des Américains, en collaboration avec des chercheurs de Zagreb (Croatie) et de Jérusalem (Israël), montrent que l'administration intermittente de TSH à des rongeurs ovariectomisés a une forte activité antirésorptive osseuse, y compris à deux semaines d'intervalle. Leurs travaux suggèrent également que l'activité antiostéoclastique de la thyrotropine se maintient ex vivo quatre semaines après l'arrêt du traitement.
Il avait déjà été mis en évidence (Sampath et coll., 2007) que l'administration de TSH, trois fois par semaine, à des rates Sprague-Dawley ovariectomisées induisait un accroissement dose-dépendant de la densité minérale osseuse (DMO), de l'épaisseur corticale et du volume trabéculaire osseux, et que cet effet de la TSH sur le squelette était indépendant de l'axe thyroïdien.
Il fallait savoir si l'intervalle entre deux administrations pouvait être élargi. Trois régimes ont été comparés : trois fois par semaine, une fois par semaine et une fois toutes les deux semaines. Les doses de thyrotropine étaient ajustées pour que la dose totale injectée soit la même dans les trois groupes de rats ovariectomisés. Huit semaines après le début des traitements on a observé une augmentation significative de la DMO au niveau du corps total, du rachis lombaire et des membres postérieurs, par rapport aux animaux contrôles.
Des tests réalisés sur les os des rats (disséqués à 16 semaines) ont montré que la réduction de la charge maximale, une mesure de la résistance osseuse, après ovariectomie était corrigée par les trois régimes thérapeutiques. Par ailleurs, des images de scanner micro-CT ont permis d'analyser plus finement les modifications osseuses. Alors que l'ablation des ovaires induit une réduction majeure du volume osseux et du nombre trabéculaire et une augmentation de l'écartement trabéculaire, il existait une augmentation significative du nombre trabéculaire et une réduction de l'écartement trabéculaire, par rapport aux contrôles, chez les rates à qui avait été injectée la TSH, que ce soit trois fois par semaine, une fois par semaine ou une fois tous les 15 jours. Les différents régimes de traitement ne modifiaient pas l'os cortical. L'amélioration de l'architecture osseuse ne se fait donc pas aux dépens de l'os cortical.
Autre série d'expérimentations : injections de TSH poursuivies pendant huit semaines, avec intervalle libre de quatre semaines avant que ne soient effectuées les mesures (à 0, 6, 8 et 12 semaines) de DMO. Des contrôles positifs (estrogène et parathormone [PTH]) étaient utilisés pour comparaison. On a observé une annulation de la perte osseuse induite par l'ovariectomie à 8 semaines, au niveau du rachis lombaire et du fémur, sans modification des concentrations en thyroxine. Par ailleurs, les réponses à l'estrogène, à la PTH et à l'administration de 0,7 mg de TSH se maintenaient après l'intervalle libre sans traitement.
Une action profonde et durable.
Cette action antiostéoclastique profonde et durable de la TSH a enfin été confirmée sur des cellules de moelle osseuse prélevées chez des souris transgéniques surexprimant le récepteur humain de TSH (TSHR).
L'ensemble de ces travaux apporte donc une preuve directe de la restauration osseuse par l'administration, même intermittente (tous les 15 jours), de thyrotropine. Cette action, qui repose sur une inhibition de la résorption osseuse ostéoclastique, est comparable, du moins chez la souris, à l'administration intermittente de PTH ou continue d'estrogène. Ces résultats encourageants font envisager la possibilité d'exploiter les propriétés d'ostéoprotection de la thyrotropine en thérapeutique chez l'homme. A son action antirésorptive, aujourd'hui mise en évidence, s'associe en effet une action anabolique démontrée antérieurement.
(1) L. Sun et coll. « Proc Natl Acad Sci USA » (2008), publié en ligne.
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