Le gouvernement de George W. Bush a cédé à une requête des industriels américains de l'acier qui estiment que la production étrangère, meilleur marché, les met en danger. Il a donc décidé de taxer l'acier d'importation.
On notera que, en agissant de la sorte, M. Bush renie les principes qu'il est censé promouvoir. Son réflexe protectionniste, dicté sans doute par les pressions qu'exercent sur lui des hommes qui ont largement financé sa campagne électorale, va à l'encontre de la saine concurrence, celle qui profite aux consommateurs. Les sidérurgistes ne lui ont pas donné le choix : non seulement ils vont faire faillite, mais ils n'ont pas de quoi payer les retraites de leurs salariés.
M. Bush se contente de poser une rustine sur un problème bien plus vaste que le remède. Car, en fin de compte, ce que veulent les maîtres des forges, c'est que l'acier soit plus cher aux Etats-Unis. On va donc faire payer aux consommateurs américains la différence de prix pour tous les produits, dont une des composantes est l'acier.
Le président des Etats-Unis n'a pu appliquer sa mesure au Canada et au Mexique, liés aux Etats-Unis par un accord de libre-échange conclu à l'époque de Clinton (NAFTA, North American Free Trade Agreement). Indirectement, il offre à ces deux pays une affaire inespérée : ils pourront vendre de l'acier aux Etats-Unis au prix américain, sans faire l'effort de productivité qui aurait aligné leurs prix sur ceux de la Corée du Sud, de l'Europe ou d'ailleurs. Quant aux aciéries américaines, elles sont, elles aussi, dispensées du même effort. M. Bush, qui se présente comme le champion du libéralisme économique, apparaît donc en réalité comme un promoteur de l'intervention de l'Etat dans le commerce international.
Inutile de dire que l'Amérique va être traînée devant l'OCI (Organisation du commerce international) pour délit de protectionnisme. Déjà les critiques européennes et asiatiques pleuvent comme des hallebardes. On ne saurait dire que le gouvernement américain a pesé les conséquences de sa décision, si peu conforme aux idées qu'il veut répandre dans le monde.
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