AFFECTION GRAVE, l'ostéoporose postménopausique touche une femme âgée de 50 ans et plus sur quatre. Selon les estimations, 50 % des femmes atteintes d'ostéoporose postménopausique subiront une fracture ostéoporotique. Parmi celles qui sont âgées de 65 ans ou plus et qui subissent une fracture de hanche, 21 % mourront dans l'année qui suit. D'ici à 2050, l'incidence des fractures de la hanche chez les femmes devrait augmenter de 240 % dans le monde, du fait de la croissance et du vieillissement de la population. Bien que l'ostéoporose affecte majoritairement les femmes, les hommes peuvent aussi être atteints par cette maladie.
Améliorer l'observance reste un des soucis majeurs de la prise en charge de cette maladie et il est désormais prouvé que la simplicité d'administration a la préférence des patients, souvent déjà polymédicamentés, et dont l'observance face à cette maladie longtemps silencieuse est très loin d'être optimale.
Les résultats de l'étude HORIZON, présentés pour la première fois lors de la réunion annuelle de l'Asbmr (American Society of Bone and Mineral Research), à Philadelphie, repris par le Pr Christian Roux, lors des 21es Rencontres de rhumatologie (Paris), démontrent pour la première fois les bienfaits d'une dose annuelle d'acide zolédronique (Aclasta) dans le traitement de l'ostéoporose chez les femmes ménopausées.
Une perfusion annuelle.
L'étude Health Outcomes and Reduced Incidence with Zoledronic Acid Once Yearly (HORIZON)-Pivotal Fracture Trial est une étude multinationale, multicentrique, randomisée et contrôlée par placebo, menée auprès de 7 736 femmes. Cette étude a évalué l'efficacité d'une perfusion annuelle de 5 mg d'acide zolédronique pour réduire le risque de fractures chez les femmes ménopausées atteintes d'ostéoporose. Les critères d'évaluation primaires comprenaient l'incidence de nouvelles fractures vertébrales et de la hanche après trois ans, comparativement au placebo. Toutes les participantes ont reçu du calcium (de 1 000 à 1 500 mg par jour) et de la vitamine D (de 400 à 1 200 UI par jour). Une analyse intérimaire portant sur 99 % des données de l'étude HORIZON-Pivotal Fracture Trial, menée sur trois ans et maintenant terminée, a démontré une réduction de 70 % du risque de fracture de la colonne vertébrale (p < 0,0001) et de 40 % du risque de fracture de la hanche (p = 0,0032) en trois ans comparativement au placebo chez les patientes recevant l'acide zolédronique, ces résultats représentant les deux objectifs d'évaluation principaux de l'étude.
En outre, l'étude a confirmé les critères d'évaluation secondaires, y compris la réduction du risque de fractures cliniques et de fractures non vertébrales. Dans le cadre de l'étude, l'incidence des événements indésirables causés par l'acide zolédronique était comparable au placebo. Les événements indésirables le plus souvent signalés associés à la perfusion intraveineuse d'acide zolédronique étaient les symptômes postdose suivants : fièvre, douleurs musculaires, symptômes pseudogrippaux, maux de tête et douleurs osseuses. La majorité de ces événements a eu lieu pendant les trois premiers jours après l'administration d'acide zolédronique et ont disparu au cours des trois premiers jours après leur apparition.
Densité minérale osseuse dans la colonne lombaire.
La deuxième étude de phase III sur l'acide zolédronique, présentée dans le cadre de l'Asbmr, a évalué l'innocuité et l'efficacité d'un traitement par acide zolédronique chez des patientes qui auparavant prenaient de l'alendronate. Cette étude multicentrique menée en double insu après répartition aléatoire avec double simulation a évalué une perfusion simple de 5 mg d'acide zolédronique vs la poursuite du traitement oral par alendronate à 70 mg par semaine pendant cinquante-deux semaines. L'étude comprenait des femmes ménopausées présentant une densité minérale osseuse faible (n = 225). Elles devaient déjà avoir suivi un traitement par alendronate pendant au moins un mois avant l'étude. Le changement de densité minérale osseuse (DMO) dans la colonne lombaire après un an, comparativement aux valeurs de départ, constituait le critère d'évaluation principal de l'étude. Dans celle-ci, les effets bénéfiques de l'alendronate sur la DMO des femmes ménopausées étaient maintenus pendant douze mois après une seule administration par perfusion d'acide zolédronique. A douze mois, les valeurs de la DMO des patientes ayant reçu de l'acide zolédronique aléatoirement étaient les mêmes que les valeurs de celles qui ont continué de recevoir aléatoirement l'alendronate, atteignant ainsi l'objectif primaire de l'étude. Chez les patientes recevant l'acide zolédronique, le taux de renouvellement osseux est demeuré dans la plage normale d'avant la ménopause, douze mois après la perfusion. Les événements indésirables le plus souvent signalés lors de cette étude étaient similaires à ceux observés pendant l'étude pivot portant sur les fractures.
Il semblerait donc que l'administration annuelle d'acide zolédronique (Aclasta) pourrait offrir des avantages aux très nombreuses femmes souffrant d'ostéoporose. Aclasta est actuellement utilisé en France dans la maladie de Paget. Son indication dans le traitement de l'ostéoporose postménopausique n'est pas encore approuvée.
Symposium Novartis Pharma, organisée dans le cadre des 21es Rencontres de rhumatologie pratique, auxquelle participaient Christian Roux et Thierry Thomas.
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