DEPUIS QUELQUES années, une réflexion est engagée à la maternité de Nancy «sur la possibilité de mobiliser activement les parturientes… ou de leur permettre de se mobiliser», à la suite de la demande d’un nombre croissant de femmes «de se réapproprier leur travail en participant plus activement à la naissance de leur enfant», disent les sages-femmes et les praticiens hospitaliers qui ont effectué l’étude.
Les femmes expriment un souhait «bien légitime et bien documenté: elles ne veulent plus être accouchées, elles veulent accoucher». Une formation dispensée par le Dr Bernadette Gasquet sur le thème «accouchement physiologique et prévention du prolapsus» a apporté les bases pour répondre aux souhaits des parturientes. Cette approche posturo-respiratoire, adaptée à chaque phase du travail, permet de proposer aux femmes une mobilisation active lors du travail et un autre choix postural pour l’accouchement.
A la maternité, on pratique des accouchements en décubitus latéral (DL), «position alliant confort et sécurité, car elle est compatible avec une surveillance foetale continue, et rapidement réversible si des gestes d’urgence sont nécessaires».
L’étude a été menée avec l’objectif principal d’évaluer l’accouchement en décubitus latéral par rapport à la position gynécologique et, accessoirement, de voir si la mobilisation des parturientes raccourcit la phase active du travail.
L’étude rétrospective cas-témoins à la maternité régionale de Nancy (3 300 accouchements par an) a été réalisée chez 50 patientes à bas risque ayant accouché en DL (entre août 2004 et août 2005), comparées à 50 témoins appariées pour les parités et les poids de naissance des nouveau-nés.
Selon les critères d’inclusion, la présentation était céphalique, le travail eutocique (dilatation d’au moins 1 cm/h, rythme cardiaque foetal satisfaisant), le terme supérieur à 36,4 SA. Vingt-quatre pour cent des patientes ont eu un travail déclenché artificiellement et 83 % ont choisi une péridurale.
Les résultats montrent dans les deux groupes que la durée du travail a été quasiment semblable (par exemple pour les primipares, 4,45 h dans le groupe DL contre 5 h dans le groupe des témoins), avec une légère augmentation des efforts expulsifs dans le groupe DL. Leur augmentation peut être expliquée par le fait qu’en DL délordosée le réflexe expulsif est peut être plus fort ; et, aussi, la poussée se fait en étirement sur l’expiration forcée, c’est « “une poussée plus douce” qui laisse le périnée se détendre, pour “démouler” l’enfant».
En DL on a, au décours de l’accouchement, plus souvent des périnées intacts ou éraillés à la place de déchirures plus franches (50 % versus 25 %), ainsi qu’une diminution non significative des épisiotomies (6 % versus 18 %). Et aucune hémorragie de plus de 500 ml n’a été constatée.
Sur le plan de la satisfaction, «toutes nos patientes ont apprécié le confort de la position et ont trouvé l’accouchement plus naturel. Les multipares ont eu l’impression de participer davantage et ont plus ressenti l’expulsion. Les pères se sont sentis investis, utiles dans l’accompagnement de ces naissances, car plus proches de leurs compagnes».
La position a été jugée plus antalgique pour les parturientes sans péridurale. Le fait de s’étirer afin de bien diriger ses poussées a été cité plusieurs fois comme très confortable.
Les positions DL gauche ou DL droit avec la jambe opposée remontée, en étirement, permettent une respiration abdominale optimale. Ensuite, on peut choisir le côté en fonction des avantages. «Coucher la femme du côté opposé au côté du dos de l’enfant favorise la rotation des présentations postérieures en antérieures», soulignent les praticiens. On peut aussi jouer sur l’asymétrie des positions afin de profiter en plus de la pesanteur (DL du côté du dos du bébé).
«Nous pouvons aider à unemeilleure confrontation céphalo-pelvienne, en recherchant avec la femme, selon la position de son foetus, des postures confortables pour chaque moment de l’accouchement. C’est la multiplicité de ces postures qui est bénéfique…», indiquent les sages-femmes. Les spécialistes, y compris ceux de l’OMS, sont de plus en plus nombreux à préconiser de laisser les femmes accoucher dans la position qui leur est confortable, après une information éclairée de la femme et une formation des accoucheurs.
« La revue sage-femme », 2006 ; 5 : 145-153.
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