PARIS de nos jours. Un grand appartement qui donne sur le jardin du Luxembourg. Vivent là Mathilde Giffard, 88 ans mais 86 seulement avoués et sa fille Chloé, une petite cinquantaine, qui enseigne le français dans l’établissement de Neuilly qu’a longtemps dirigé sa mère. Survient un homme à l’allure de vieil adolescent, un Américain qui pense avoir hérité de ce grand appartement. Il veut le vendre et retourner aux États-Unis. Mais il ne sait pas que Mathilde l’occupe au titre du viager qu’elle a autrefois signé avec le père de Mathias.
L’Américain, qui parle assez bien le français, avec un accent et des bouffées d’anglais, ne possède rien. Trois divorces derrière lui et pas d’enfant. Pas de métier. Il a été écrabouillé par la vie. Mathilde s’émeut et lui propose de rester pour la nuit. Chloé s’en offusque et se montre très agressive.
C’est le début d’une comédie aux moirures tragiques mais toujours drôle et qui finit bien. Elle est très bien composée par Israël Horovitz et adaptée par Michèle Fitoussi. Une pièce lourde du passé de Mathilde dont on comprend qu’elle a très bien connu le père de Mathias. C’était le Paris de l’après-guerre… et peut-être au-delà. Stanislas Chollat signe la mise en scène dans un très beau décor de Jeff Servigne qu’animent des lumières et d’amusantes vidéos de Christophe Grelié.
Ce qui saisit, ici, c’est l’évidence du jeu. Trois grands acteurs avec la rayonnante Line Renaud. Elle a l’autorité naturelle de Mathilde. On devine en elle la jeune femme sensuelle, amoureuse qu’elle a été. Une femme de tête et de cur qui cache ses secrets, argumente, comprend la génération des cinquantenaires et va devoir affronter une révélation douloureuse. Line Renaud est magnifique.
Raphaëline Goupilleau est une comédienne que l’on aime et, ici, dans un rôle de femme un peu aigre qui va s’épanouir, elle est formidable et toujours fine. Mais on ne vexera pas ses partenaires en soulignant l’éblouissante performance du grand Samuel Labarthe. D’abord, techniquement, il tient avec un naturel époustouflant, l’accent de Mathias. Ensuite il est extraordinairement juste, touchant, drôle et déchirant comme ce personnage d’éternel enfant brisé très tôt par l’égoïsme des adultes. Il est exceptionnel. Il a l’élégance et le charme des grands acteurs américains à la Cary Grant et la profondeur infinie qu’exige le rôle.
Théâtre Marigny, à 20 h 30 du mardi au vendredi, le samedi à 16 heures et 21 heures (0 892 222 333). Durée : 2 h 20, entracte compris. Pour soixante représentations exceptionnelles. Texte publié par L’Avant-scène théâtre avec un dossier documentaire. N° 1257, 1er février 2009 (12 euros).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature