DÉCEPTION OU SOULAGEMENT. Entre les deux, le cœur des chirurgiens hospitaliers balance après qu'un accord a finalement été trouvé pour assurer l'avenir de leur spécialité (« le Quotidien » d'hier). Signé par les quatre intersyndicats de praticiens hospitaliers (PH), par les internes et les chefs de clinique, ce texte est d'abord le résultat d'un compromis, les organisations de PH - CHG (Confédération des hôpitaux généraux) et Inph (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers) d'un côté, CMH (Coordination médicale hospitalière) et Snam (Syndicat national des médecins des hôpitaux publics) de l'autre - ayant des avis parfois divergents sur les remèdes à apporter aux maux de la chirurgie hospitalière en particulier et à ceux de l'hôpital public en général. L'accord signé est aussi le reflet de la double contrainte qui s'est imposée à certains : « Il fallait, résume le Dr Pierre Faraggi, président de la CHG, un volet hospitalier au plan chirurgie, doté de mesures concrètes ; mais ces avancées nécessaires devaient aussi s'inscrire dans le statut de PH revalorisé. »
Mesure phare.
Résultat, la mesure phare de l'accord signé la semaine dernière ne concerne pas les seuls chirurgiens mais bien l'ensemble des médecins de l'hôpital public, le ministère ayant promis l'ouverture, très attendue, de négociations sur le statut des PH dès le 1er octobre prochain. Dans le même ordre d'idées, la disposition a priori la plus satisfaisante pour les chirurgiens, à savoir la hausse de la rémunération des astreintes (le ministère de la Santé préconise une augmentation de 15 % dès 2005) concernera tous les PH.
Les tenants du statut unique et de « la même règle pour tous les spécialistes hospitaliers » ont donc gagné. « Les différentes mesures relatives aux chirurgiens ont été recentrées dans le cadre de l'hôpital public, se réjouit le Dr Rachel Bocher, présidente de l'Inph, et elles l'ont été parce que le problème de la chirurgie publique, que l'on parle de carrières ou de restructurations, est celui de l'hôpital public. »
Pour les plus optimistes des signataires de l'accord, ce texte est « un début », « un point de départ » - « On n'a pas réglé le problème de la chirurgie par ce protocole, tout commence », poursuit Rachel Bocher. D'autres se félicitent d'avoir réussi à écarter des mesures « dangereuses ». Le projet de « contrats activité-qualité » un temps évoqué et qui liait chaque chirurgien à son directeur d'hôpital fait, selon certains, partie de ces mesures. « On ne voulait absolument pas que les chirurgiens soient ainsi ligotés », insiste Pierre Faraggi. « Cette idée était une perversion, ajoute le Dr François Douchain, au nom des chirurgiens de l'Uphp (Union nationale des syndicats de médecins des hôpitaux publics), la porte ouverte à des pratiques à la tête du client. »
Les chirurgiens, auxquels on avait fait miroiter une revalorisation spécifique substantielle (il y a dix jours, une rémunération complémentaire de 10 %, puis de 5 %, était évoquée, ainsi qu'une hausse du tarif des astreintes de 30 %), sont souvent déçus. Ils estiment, avec le Dr François Aubart (voir ci-dessous), que les mesures arrêtées « ne répondent pas du tout (à leurs) attentes ». « De fait, renchérit un responsable signataire, les chirurgiens peuvent dire qu'ils ont obtenu "peanuts" , mais, s'empresse-t-il de préciser, c'est un premier pas ».
Un premier pas qui, si l'on en croit son président, Claude Evin (voir ci-dessous), ne suffit absolument pas à calmer les inquiétudes de la Fédération hospitalière de France (FHF).
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