L'heure de vérité pour MG-France ? Un peu plus d'un mois après l'approbation par son comité directeur de l'accord signé avec l'assurance-maladie, ce sera dimanche au tour de l'assemblée générale extraordinaire, réunie à Lyon et réclamée par trente-sept départements, de se prononcer sur le contenu de cet accord, même s'il est vrai que le principal opposant à ce texte et donc à la direction actuelle du syndicat, le Dr Philippe Sopéna, explique dans un texte diffusé que « l'enjeu de l'assemblée de Lyon ne peut pas être la simple validation de l'avenant » en question. Le texte est paru au « Journal officiel » et « le remettre en cause maintenant, explique-t-il, et le dénoncer signifierait dénoncer la convention spécifique à la médecine générale, ce que ne souhaite aucun membre de MG-France ».
Est-ce cette position qui rend, à la veille de cette réunion, assez serein le président de MG-France, le Dr Pierre Costes ? Il ne le dit pas, mais « il n'imagine pas, en tout cas, un changement fondamental de structure et de politique ».« L'un des mérites de l'accord et plus largement de l'action des généralistes, explique-t-il, est d'avoir mis l'accent sur la réalité du métier de généraliste, ce dont peu se souciaient jusqu'alors. Or tout le pays s'est penché sur la médecine générale et les difficultés qu'elles rencontrait. Ont été ainsi abordés les problèmes de relations avec la Sécurité sociale, des tarifs, de l'évolution des tarifs, plus largement du mode de rémunération, de la reconnaissance du service public que nous faisons. » En clair, on ne parlera plus demain du médecin généraliste et de la médecine générale comme hier.
Le programme en sept thèmes de l'opposition
Reste quand même que l'accord signé avec les caisses ne fait pas l'unanimité, loin de là, au sein de MG-France, et que l'assemblée générale risque d'être houleuse. Car, même s'il n'est plus question de remettre en cause ce texte, devenu texte réglementaire, les conditions dans lesquelles il a été signé par le bureau de MG-France restent en travers de la gorge des opposants qui ont du mal à accepter qu'il ait été ratifié par le bureau du syndicat avant même d'avoir été discuté par le comité directeur et l'assemblée générale du syndicat. « C'est l'une des raisons profondes de notre colère », s'insurge encore Philippe Sopéna, qui explique que même « si une petite majorité de MG-France approuve cet accord, elle ne peut ignorer que la majorité des médecins libéraux le combattent ».
Mais pour Pierre Costes, il s'agit maintenant de s'atteler à d'autres tâches qui permettront de nouvelles avancées, dans le cadre d'un partenariat conventionnel rénové. La réforme du système conventionnel récemment adoptée par le Parlement et qui institue une convention-cadre pour toutes les professions de santé, avant la signature d'accords particuliers, est l'opportunité qu'il convient de saisir. « Nous vivons un moment important, explique le président de MG-France. Depuis novembre 1999, nous jugeons indispensable la réforme du statut du médecin libéral, l'amélioration des conditions de travail, des nouvelles relations avec l'assurance-maladie. Des revendications qui sont aussi celles de nombreuses professions de santé. Or, ces préoccupations sont maintenant prises en compte. Nous sommes sur le chemin. »
Reste que pour le Dr Sopéna et ses amis, les événements récents se sont traduits par une baisse d'influence importante de MG-France. Un grand nombre de médecins ne comprennent pas que le syndicat ne lance pas le mot d'ordre du C à 20 euros. Un mot d'ordre que le Dr Sopéna espère bien faire adopter par l'assemblée générale. « Car même si la revendication tarifaire ne résout pas tout, l'adoption de cette mesure sera l'occasion de retrouver la confiance des médecins. » Mais surtout, le Dr Sopéna va demander que le syndicat s'engage à défendre tout médecin qui serait sanctionné par les caisses pour avoir appliqué des augmentations.
Dans le même sens, l'opposition à la direction du syndicat va proposer à l'assemblée générale un programme élaboré par les syndicats départementaux qui n'approuvent pas l'accord avec les caisses. Un programme en sept points qui aborde le problème tarifaire (C à 20 euros, V à 30 euros), mais aussi la défense de la convention spécifique généraliste et de l'option référent, les rapports avec l'Ordre concernant notamment la permanence des soins, les soins de premier recours, les rapports avec les caisses, et l'exigence de nouvelles discussions conventionnelles pour la signature d'un nouvel avenant qui irait plus loin que celui du 24 janvier dernier.
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