THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
« Un jour sur la scène d'un théâtre », indique Luigi Pirandello pour situer l'action de cette pièce immense qui marque encore profondément le théâtre. Créée en mai 1921 à Rome et en France, deux ans plus tard, dans une mise en scène entrée dans la légende de Georges Pitoëff, elle revient régulièrement nous turlupiner, condensant pour jamais toutes les questions qui hantent les jeux de la vérité et du mensonge, du réel et de l'illusion, les activant jusqu'au vertige.
Emmanuel Demarcy-Mota s'est toujours intéressé à cette problématique : montant « Léonce et Léna », de Büchner, « Peine d'amour perdue » bien au singulier de Shakespeare ou « Marat-Sade », de Peter Weiss, c'est bien au statut de la représentation, au mystère même du théâtre qu'il se consacrait. Avec « Six personnages en quête d'auteur », il va plus loin encore et dans l'expression de ses interrogations, et dans l'expression de son éthique et de son esthétique, signant un spectacle en tout point accompli.
Un travail homogène
Le jeune metteur en scène s'appuie sur une traduction nouvelle, précise, forte de François Regnault et sur une scénographie heureuse et belle, sans cesse creusée par des lumières superbes, tout en clairs-obscurs magnifiques, d'Yves Collet que souligne la musique spécialement composée par Jefferson Lembeye.
La pièce est pièce de troupe qui organise la confrontation d'un directeur (Alain Libolt, remarquable dans la finesse et la précision), de ses acteurs et techniciens en train de répéter une pièce de... Luigi Pirandello et d'un groupe de personnages, une famille que dominent le père (Hugues Quester, dans la perfection d'une inquiétante et illusoire douceur) et la belle-fille (Valérie Darshwood, belle et déchirante, sourdement lyrique), des personnages qui veulent à toute force raconter leur histoire, revivre la tragédie qui les soude et les sépare cruellement.
Une quinzaine d'interprètes, unis, dans l'homogénéité d'un travail puissant et heureux. Emmanuel Demarcy-Mota rend plus lisible que jamais cette uvre difficile, résistante, redoutable mais il n'en dissipe en rien le mystère envoûtant. Tout ici paraît évident, chaque décision de mouvement, de jeu. Un très grand travail donné dans un rythme excellent et qui hisse ce jeune artiste au rang des poètes de la scène pour le plus grand bonheur du public et de ses interprètes. Une proposition spectaculaire aussi fascinante, convaincante et énigmatique en même temps que l'est la pièce elle-même...
Théâtre de la Ville, à 20 h 30 du mardi au samedi, à 15 heures le dimanche. Jusqu'au 27 octobre. Durée : 1 h 55 sans entracte (01.42.74.22.77).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature