ALLAN BLASKETT, directeur marketing de la branche Patient Compliance du groupe International SOS, à Londres, est un pionnier du « patient support ». C'est lui en effet qui a développé en 2001, en Australie, un premier programme d'accompagnement des patients obèses sous traitement médical.
L'idée de ce programme est simple : si les médecins prescrivent certains médicaments destinés à lutter contre le surpoids, ils n'ont pas toujours le temps d'exposer précisément les mesures d'accompagnement indispensables (alimentaires, mode de vie, activité physique...). De leur côté, les patients hésitent parfois à faire perdre du temps à leur médecin en multipliant les questions sur les problèmes qui peuvent paraître faciles de prime abord. En partenariat avec un laboratoire pharmaceutique qui a mis sur le marché en 2000 un produit destiné à lutter contre l'obésité, un programme de soutien des malades a été mis en place dans les six mois suivant la première prescription. « Il s'agit en effet de la période la plus critique chez ces patients, c'est au cours de ces premiers mois que des changements alimentaires et de mode de vie doivent être mis en place et l'expérience montre qu'un nombre important de patients suspend le traitement en raison d'un manque de motivation », analyse Allan Blaskett.
Un numéro de téléphone.
En accord avec le laboratoire, un questionnaire a été élaboré à partir de l'analyse des questions posées par les malades inclus dans les essais cliniques du médicament. « Il semblerait qu'il existe un fossé entre les informations assimilées par les malades et celles que le médecin lui a données. Par ailleurs, afin de prévenir les risques d'arrêt thérapeutique, leurs causes ont été systématiquement analysées - espoirs déçus, manque d'informations, difficulté à suivre les conseils alimentaires - et des items ont été intégrés dans l'argumentaire développé pour élaborer le questionnaire destiné aux patients. »
En pratique, lorsqu'un médecin choisissait de prescrire l'anti-obésité à un patient, il lui proposait de prendre part au programme de « patient support » en lui remettant un numéro de téléphone à contacter. Si le patient le souhaitait, il entrait en contact avec un interlocuteur qui lui expliquait les modalités du programme. Une fois le contact établi, un dossier contenant des informations personnelles (taille, poids, IMC, goûts alimentaires, mode de vie...) était créé. En accord avec le patient, le rythme des appels était choisi et les plages horaires de ces appels étaient établies.
Si les premiers appels concernaient surtout l'éducation nutritionnelle et les changements du mode de vie, les suivants étaient plutôt axés sur le traitement : ses résultats, ses effets secondaires... « L'ensemble du programme était assuré par des professionnels de santé - infirmières ou diététiciens - et un contact avec le médecin traitant était établi si les questions posées par le patients relevaient du domaines purement médical », continue Allan Blaskett. Le programme, qui durait six mois et qui était intégralement financé par le laboratoire pharmaceutique, a été très suivi par les patients puisque seuls 20 % de ceux qui avaient accepté d'être suivi ont changé d'avis.
Allan Blaskett s'occupe maintenant à Londres de la filiale Patient Compliance d'un groupe international spécialisé en santé où il a déjà développé en moins de quatre ans trente programmes d'accompagnement des patients dans des domaines très divers : ostéoporose, hypertension, diabète, asthme.... Les programmes les plus longs ont duré douze mois. Ils ont été accepté en moyenne par 20 à 50 % des sujets auxquels ils avaient été proposés, et le nombre des perdus de vue reste fiable (moins de 20 %).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature