SELON LES CONCLUSIONS d'un rapport publié par le Forum Tchernobyl*, jusqu'à 4 000 personnes pourraient au total décéder des conséquences de l'exposition aux radiations dues à l'accident de la centrale de Tchernobyl, le 26 avril 1986. Ce rapport, auquel ont participé une centaine d'experts internationaux, est rendu public à l'occasion de la conférence internationale de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), aujourd'hui et demain à Vienne : « Tchernobyl, regarder en arrière pour aller de l'avant ». Il a principalement pour objet de tirer un bilan objectif de la situation en Biélorussie, en Ukraine et en Russie. « Les gouvernements de ces trois pays les plus touchés ont réalisé qu'ils devaient trouver un moyen de surmonter cette catastrophe. Cela passe non seulement par un consensus sur les conséquences environnementales, sanitaires et économiques de l'accident, mais également par une aide et un soutien de la Communauté internationale », explique le Dr Burton Bennett, président du Forum Tchernobyl. « Tchernobyl a eu des retentissements majeurs sur la santé, en particulier sur celle des milliers de travailleurs qui ont été exposés dans les premiers jours à des doses radioactives très élevées et pour les milliers de personnes qui ont davantage été atteintes par le cancer de la thyroïde. Cependant, nous n'avons pas décelé de problèmes sanitaires graves pour le reste de la population avoisinante. Nous n'avons pas non plus relevé une large contamination qui pourrait continuer à menacer substantiellement la santé humaine, excepté dans certains quartiers très restreints », ajoute ce spécialiste des effets radioactifs.
Des problèmes surtout économiques et psychologiques.
L'évaluation des experts concernant le nombre de décès final est aujourd'hui bien en-deçà des dizaines de milliers de morts qui avaient été initialement prédits. Par ailleurs, les scientifiques estiment que les niveaux de radioactivité dans l'environnement sont redevenus acceptables, en dehors d'une bande de 30 km entourant la centrale et de certains lacs et forêts proches. « Dans la plupart des cas, les problèmes sont plus économiques et psychologiques que sanitaires et environnementaux », indique le Dr Mikhail Balonov, secrétaire scientifique du Forum. « Deux décennies après l'accident, les résidents des régions affectées ne disposent pas encore d'informations nécessaires et appropriées qui leur permettraient de mener une vie aussi saine et productive que possible », regrette Louisa Vinton, du programme de développement des Nations unies (Unpd). Selon elle, le vrai danger est la pauvreté. Les experts recommandent ainsi que les efforts d'assistance se concentrent sur les régions les plus contaminées et que les programmes d'aide soient redéfinis vers ceux qui en ont authentiquement besoin. Cette nouvelle approche plus ciblée devrait, pensent-ils, conduire les individus à prendre des initiatives de développement local, sur la base d'informations claires et objectives. « Il faut leur redonner confiance en l'avenir », plaide Louisa Vinton.
* Le Forum réunit huit organisations internationales, dont l'Agence internationale de l'énergie atomique, l'OMS, la FAO et la Banque mondiale, ainsi que les gouvernements de Biélorussie, de Russie et d'Ukraine.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature