LE RAPPORT de l’Académie de médecine, intitulé « Le retentissement du fonctionnement des éoliennes sur la santé de l’homme », a notamment pour but de répondre aux plaintes formulées par certaines personnes vivant à proximité des éoliennes.
En l’occurrence, c’est à la suite d’une lettre de l’association pour la protection des abers (Bretagne), laquelle demandait que soit étudiée «l’éventualité d’une action nocive des éoliennes sur la santé de l’homme», que l’Académie s’est saisie de ce sujet.
Il ne revêt pas l’urgence d’une priorité de santé publique car la production éolienne est marginale sur le territoire, avec un peu plus de 200 MW installés (chacun des 58 réacteurs nucléaires a une puissance de 900 à 1 300 MW). Toutefois, les possibilités de la France sont théoriquement importantes : elle dispose du deuxième gisement éolien européen après le Royaume-Uni. Il est situé sur le littoral ouest (de la mer du Nord à La Rochelle), dans le couloir rhodanien et en Languedoc-Roussillon.
Selon le rapport piloté par Claude-Henri Chouard, le «vrai risque» des éoliennes est le bruit. «Qu’il soit très intense, ou qu’il représente une pollution sonore plus modérée, le bruit est le grief le plus fréquemment formulé à propos des éoliennes. Il peut avoir un impact réel, et jusqu’ici méconnu, sur la santé de l’homme», commentent les auteurs du rapport. Ce sont les intensités modérées du bruit qui sont visées, celles qui peuvent entraîner des réactions de stress, perturber le sommeil et retentir sur l’état général. Il est ainsi démontré qu’une agression sonore permanente ou intermittente, comme le bruit au voisinage des aéroports ou des autoroutes, augmente, notamment, le risque d’hypertension artérielle et d’infarctus du myocarde. «Il a semblé licite à certaines associations d’extrapoler aux éoliennes ces risques observés (...) bien qu’il n’existe aucune étude comparable ayant porté sur les populations proches de parcs éoliens», expliquent les auteurs. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire, recommandent-ils, d’entreprendre une étude épidémiologique sérieuse, «car éoliennes et aéroports constituent deux sources sonores très différentes».
En tout état de cause, la prévention des risques repose sur l’éloignement de la source sonore. «Mais il est théoriquement difficile de définir a priori une distance minimale des habitations, qui serait commune à tous les parcs, car la propagation du son, c’est-à-dire l’étendue de cette zone de nuisance, dépend des éléments topographiques et environnementaux propres à chaque site», relèvent les académiciens.
Ils proposent, en préalable, «la mise au point d’une procédure réalisant l’enregistrement, sur une période longue de plusieurs semaines, du bruit induit par les éoliennes dans les habitations, puis son analyse à différentes échelles temporelles, afin d’appliquer cette expertise aux populations intéressées».
A une distance de 1 500 mètres des habitations.
En attendant que l’étude épidémiologique sur les conséquences sanitaires éventuelles de ce bruit éolien soit réalisée, il serait «souhaitable, par précaution, que soit suspendue la construction des éoliennes d’une puissance supérieure à 2,5MW situées à moins de 15000 mètres des habitations».
Par ailleurs, les académiciens suggèrent que l’article 98 de la loi du 2 juillet 2003 «soit modifié comme il se doit, pour que les éoliennes, dès qu’elles dépassent une certaine puissance, soient considérées comme des installations industrielles, et que leur implantation soit désormais soumise à une réglementation spécifique tenant compte des nuisances sonores très particulières qu’elles induisent». En effet, jusqu’à présent, les éoliennes, qui sont «des engins mécano-électriques générateurs de taxes professionnelles pour les communes», n’ont jamais été considérées comme des installations industrielles. Depuis le vote, en 2005, de la loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique, les éoliennes situées en métropole (hors Corse, îles de la Manche ou de l’Atlantique non raccordées et Dom-Tom) doivent être implantées dans «une zone de développement» spécifique. Ces zones sont proposées par les communes et définies par le préfet après avis des communes limitrophes. Pendant une période transitoire de deux ans, le développement de projets inférieurs à 12 MW peut toutefois se poursuivre sans nécessité de créer une zone de développement de l’éolien.
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