Ce mardi 29 octobre 2013 est sans doute à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de la prise en compte de la médecine générale par les autres spécialités. Pour la première fois, un généraliste était en effet l’invité d’honneur de l’Académie de médecine. Certes, il s’agit là d’une première encore un peu timide... Le discours du Pr Pierre-Louis Druais (photo) ne devait durer qu’un petit quart d’heure. Mais l’événement a aussi une portée symbolique et constitue, en soi, un début de reconnaissance. D’autant que le généraliste en question n’est autre que le président du Collège de la médecine générale, intervenant es-qualité. « L’Académie commence à s’interroger sur quelle place peut avoir la médecine générale et les médecins généralistes dans le cadre de l’institution », analysait le président du Collège de médecine générale, à la veille de son intervention.
Le Pr Druais a donc décidé de relever le défi de remplacer, en quinze minutes chrono, dans la tête de son auditoire, l’image révolue du médecin de famille avec la nouvelle image du médecin généraliste à la triple casquette d’enseignant, de chercheur, de praticien. Après avoir dressé un état des lieux de la discipline et de son cœur de métier, « le suivi des pathologies chroniques et la coordination », le Pr Druais a retracé son histoire mouvementée : de la réforme Debré de 1958 qui l’avait exclue de l’Université, à 2007, millésime historique, quand la discipline devient une spécialité à part entière, en passant par la création du DES de Médecine Générale en 2004...
Une première ou un précédent ?
Cette invitation augure-t-elle du jour où la médecine générale aura une vraie place dans la vénérable institution de la rue Bonaparte ? Le Pr Druais est persuadé que sa discipline apporterait un regard nouveau à l’Académie, grâce à son « approche centrée sur le patient, médicale et à la fois psychosociale ». Il y a une dizaine d’années, l’Académie a déjà tenté d’associer des généralistes à ses travaux. Des groupes de travail avec ses praticiens avaient été créés en 2004. Et tout juste élu président début 2007, le Pr Pierre Ambroise-Thomas, tourné vers le monde libéral, avait annoncé que deux généralistes en deviendraient membres correspondants. C’était sans compter sur les résistances persistantes parmi les académiciens. Compte tenu de ce rendez-vous raté, ce n’est donc peut-être pas demain qu’un généraliste siègera rue Bonaparte...
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