Faut-il un statut de psychothérapeute ? Certains le souhaitent et le débat a fait rage - y compris dans ces colonnes - lorsque le gouvernement précédent a mis le sujet à l'étude, il y a deux ans, parallèlement à deux propositions de loi, initiatives restées sans suite.
L'Académie de médecine a pris le temps de la réflexion. Elle a décidé en décembre 2001 de créer un groupe de travail sur la pratique de la psychothérapie. Présidé par le Pr Pierre Pichot et avec pour secrétaire le Pr Jean-François Allilaire (Pitié-Salpêtrière, Paris), il rend un rapport sans appel s'opposant à la création d'un statut légal de psychothérapeute « en raison du risque de voir se développer des pratiques hétérogènes non encadrées et qui ne relèveraient plus du domaine médical ».
Pour l'Académie, les psychothérapies font partie du domaine du soin et « se différencient des techniques qui visent au développement personnel (amélioration des performances, du bien-être, etc.) et au règlement d'un problème particulier (conseil, conseil conjugal...) en dehors d'une pathologie mentale spécifique ».
Formation et contrôle
De fait, le grand souci des académiciens, comme de la plupart de ceux qui ont travaillé sur le sujet, est d'éviter les dérives commerciales ou sectaires. « Les psychiatres ont vocation à pratiquer les psychothérapies », rappelle donc l'Académie, en admettant toutefois la possibilité pour des non-médecins (psychologues cliniciens, précise-t-elle) de pratiquer des psychothérapies. Encore faut-il qu'ils soient formés spécifiquement de façon « adéquate et contrôlée », que cette pratique s'inscrive dans un encadrement médical et que le psychothérapeute respecte les mêmes règles déontologiques que le médecin. Exigence supplémentaire : la psychothérapie doit faire l'objet d'une prescription médicale, « le médecin étant responsable du diagnostic, du choix du traitement et de son évaluation ». D'où une recommandation corollaire : systématiser l'enseignement de la psychothérapie pendant l'ensemble du cursus médical. Sans oublier « de rendre accessible au public une information claire et valide sur les différents types de psychothérapies et les professions qui les pratiquent ».
Mais la réflexion ne doit pas s'arrêter là. « L'avenir de la santé mentale passe par une réflexion approfondie sur l'intégration des approches psychothérapiques et biologiques dans les pratiques de soins », conclut notamment le rapport de l'Académie. On attend donc avec impatience les résultats de l'expertise collective sur les pratiques psychothérapiques menée sous l'égide de l'INSERM, en liaison avec l'ANAES (Agence d'accréditation et d'évaluation en santé) et la Fédération française de psychiatrie.
Les différentes psychothérapies
Après le médecin anglais Tuke, qui créa en 1872 le terme psycho-thérapeutique, c'est le médecin français Bernheim, chef de file de l'école hypnologique, qui utilisa le premier le terme de psychothérapie. De la définition d'alors, « ce qui relève de l'influence de l'esprit sur le corps dans la pratique médicale », on est passé aujourd'hui à une conception plus restrictive selon laquelle la psychothérapie est « l'aide qu'un psychisme peut apporter à un autre psychisme ».
Parmi les courants psychothérapiques actuels, on peut distinguer :
- la psychothérapie d'inspiration psychanalytique, dérivée de la psychanalyse, qui se pratique le plus souvent en face-à-face ;
- le courant comportementaliste et cognitiviste, qui, selon l'Académie, est le courant dominant actuellement et celui qui est le mieux validé dans ses résultats thérapeutiques ;
- le courant systémique (théories de Gregory Bateson et de l'école de Palo Alto), qui considère le patient comme un des éléments du réseau de communications qui le relie à son groupe social et familial ;
- le courant humaniste (Carl Rogers), centré sur la personne, avec une technique fondée sur la notion de congruence, à savoir la coïncidence intuitive des sentiments du thérapeute avec ceux du patient ;
- le courant éclectique et intégratif, qui utilise les facteurs communs à différentes techniques, selon les indications.
Et aussi l'hypnose ericksonienne, la gestalt-thérapie, la bioénergie, l'analyse transactionnelle....
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