«LA PLUPART DES PAYS n'ont pas conscience de l'ampleur du détournement et de l'abus» de médicaments légalement prescrits, malgré la multiplication des décès qui y sont liés, souligne le rapport annuel de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (Oics). «Au niveau mondial, les prescriptions légales de fentanyl (un opioïde de synthèse 80 fois plus puissant que la morphine) ont plus que triplé depuis l'an 2000», précise le président de l'Oics mandaté par l'ONU, Philip Emafo.
Dans certains pays, l'abus de produits sur ordonnance a déjà dépassé celui des drogues illicites traditionnelles, comme l'héroïne ou la cocaïne, notamment en Amérique du Nord et en Europe. Aux Etats-Unis, l'excès d'analgésiques est courant chez les lycéens et les étudiants, avec des taux de prévalence parfois supérieurs à 10 %. Et l'Inde ou le Nigeria suivent l'exemple américain. En France, un quart de la buprénorphine haut dosage (Subutex) se retrouverait sur le marché noir, selon l'Oics.
Le rapport constate que l'abus d'anorexigènes, malgré les dangers d'accoutumance ou même de mort, gagne du terrain. Les pays les plus concernés sont, dans l'ordre décroissant, le Brésil, l'Argentine, la Corée du Sud, les Etats-Unis et Singapour. A l'inverse, le Chili, le Danemark et la France ont «considérablement» réduit l'usage de ces substances grâce à des contrôles plus stricts.
La vente illégale de produits pharmaceutiques, souvent par Internet, se poursuit, avec «la mise sur le marché de quantités de plus en plus grandes et de plus en plus variées». On compterait des dizaines de milliers de cyberpharmacies illicites, 84 % d'entre elles proposant des benzodiazépines et 68 % des opioïdes. «Ces médicaments peuvent provenir de vols, de détournements, mais également de ventes illégales par les fabricants», relève Philip Emafo. Comme dans le monde en développement, où, selon l'OMS, jusqu'à 50 % des produits peuvent être contrefaits, il s'agit aussi de médicaments «périmés ou imités, dont la qualité, la sûreté, l'efficacité, l'origine et la posologie sont inconnues».
Pour combattre le trafic et les abus de produits pharmaceutiques obtenus légalement ou non, l'Oics recommande aux Etats de «sensibiliser leurs services de détection et de répression» à l'accélération du phénomène.
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