Cancers pulmonaires non opérables

L'ablation de la tumeur par radiofréquence est faisable

Publié le 18/06/2008
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LE TRAITEMENT standard des tumeurs cancéreuses pulmonaires diagnostiquées à un stade précoce est la résection chirurgicale. Dans certains cas, l'intervention est contre-indiquée : chez les patients dont la réserve pulmonaire est insuffisante, en cas de pathologie associée, ou bien lorsque l'état général du patient ne le permet pas.

Les poumons représentent par ailleurs le deuxième site de maladies métastatiques. La chirurgie peut aussi être utilisée avec des bénéfices sur la survie, en particulier dans certains types de tumeurs, comme celles provenant de cancers coliques. Mais, là encore, les contre-indications en limitent l'usage.

Procédure percutanée, avec guidage sous scanner.

Au terme de l'étude RAPTURE (Radiofréquency Ablation of Pulmonary Tumours Response Evaluation), Ricardo Lencioni et coll. (Pise, Italie) indiquent que l'ablation par radiofréquence en utilisant une procédure percutanée, avec guidage sous scanner, peut être proposée «dans une visée curative et avec une morbidité acceptable, dans des tumeurs pulmonaires primitives ou secondaires, en cas de contre-indication médicale à la chirurgie, et si les réserves pulmonaires sont suffisantes».

Les techniques optimisées actuellement utilisées peuvent produire la lyse de grands volumes tumoraux. Elles peuvent être menées à bien en moins d'une heure, avec des séjours à l'hôpital raccourcis.

Les 106 patients inclus dans l'étude de faisabilité RAPTURE présentaient une tumeur de 3,5 cm ou moins (183 tumeurs malignes en tout) et une contre-indication à la chirurgie. Un cancer pulmonaire non à petites cellules était diagnostiqué (CPNPC) chez 33 patients, une métastase d'un cancer colique chez 53 patients et une métastase d'une autre origine chez 20 participants.

La survie totale à un an est de 70 %.

Une réponse complète, confirmée pendant au moins un an, a été observée chez 88 % des patients (75 des 85 patients évalués). La survie totale à un an est de 70 % et à deux ans de 48 % dans les cas de CPNPC ; les chiffres de survie à un an et deux ans sont respectivement de 91 % et 68 % dans les métastases pulmonaires de cancer colique. Les 13 patients atteint d'un CPNPC ont à deux ans une survie totale de 75 % et une survie spécifique du cancer de 92 %.

Le matériel utilisé pour l'ablation a pu être correctement mis en place chez 99 % des patients et il n'y a eu aucun décès relié à la procédure au cours des 137 sessions d'ablation.

Les complications les plus importantes ont consisté en un pneumothorax (27 procédures), un épanchement pleural nécessitant un drainage (4). On ne note pas de déclin significatif des fonctions pulmonaires. Les auteurs appellent à la réalisation d'études randomisées contrôlées.

« The Lancet Oncology », publié en ligne le 18 juin 2008.

Hommes et femmes égaux devant le risque

Neal Freedman et coll. ont examiné les données de 279 214 hommes et 184 623 femmes âgés de 50 à 71 ans, avec une investigation poussée de leurs habitudes de consommation tabagique (parmi d'autres questions). Ils concluent que les femmes ne présentent pas de susceptibilité supérieure aux hommes aux effets carcinogéniques de la cigarette. Un total de 1,47 % des hommes et 1,21 % des femmes ont développé un cancer pulmonaire.

La différence s'explique par le taux de prévalence du tabagisme plus élevé chez les hommes. Fumer est fortement associé au risque de cancer dans les deux sexes, avec une légère différence favorable aux femmes, mais non significative (RR de 0,9). Les fumeurs de plus de deux paquets par jour ont une multiplication par cinquante du risque de développer un cancer pulmonaire comparativement aux non-fumeurs.

Quand on regarde ce qui se passe chez les hommes et les femmes qui n'ont jamais fumé, il semble exister un léger excès de risque de cancer pulmonaire chez les femmes (RR 1,3), chez qui les tumeurs sont plus souvent des adénocarcinomes. Les taux de tumeurs à petites cellules, squameuses et indifférenciées sont similaires dans les deux sexes.

Chez les fumeurs, les taux d'incidence des tumeurs squameuses sont deux fois plus élevés chez les hommes que chez les femmes, mais, pour les autres types cellulaires, ils sont équivalents dans les deux sexes.

« The Lancet Oncology », publié en ligne le 14 juin 2008.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8395