LA POLYARTHRITE rhumatoïde (PR) a longtemps été traitée de façon « passive » : les différents traitements de fond disponibles étaient successivement utilisés, sans réellement empêcher le développement de dommages ostéo-articulaires.
Depuis l’avènement des anti-TNF, cette attitude attentiste a été remise en question. Ces médicaments sont en effet à même de prévenir les déformations articulaires et les destructions osseuses, ce d’autant que leur administration est faite précocement. Des bénéfices qui pourraient être renforcés par l’arrivée de nouveaux traitements proposés en cas d’échec des anti-TNF.
Ainsi en est-il de l’abatacept (CTLA4-Ig) de Bristol-Myers Squibb (Orencia aux Etats-Unis où il est commercialisé dans le traitement de la PR modérée à grave), une molécule qui interfère sélectivement avec le cosignal déclenchant l’activation des lymphocytes T. Plus précisément, cette protéine de fusion bloque les protéines CD80/CD86 à la surface de la cellule présentatrice de l’antigène, empêchant au final « l’accélération » du lymphocyte T. La cascade inflammatoire est interrompue plus en amont qu’avec les anti-TNF alpha, et sans agir sur le mécanisme proprement dit de reconnaissance immunitaire.
Chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, l’abatacept apporte de fait un bénéfice clinique et fonctionnel. Plusieurs études ont désormais confirmé que, au-delà d’une inhibition de la progression des lésions, cette molécule permet d’améliorer la qualité de vie des patients, en particulier leur sommeil et leur niveau de fatigue.
Des informations qui ont été colligées dans l’essai AIM (1) mené en double aveugle contre placebo, ayant évalué une dose fixe d’abatacept (10 mg/kg) et de méthotrexate. Parmi les 652 patients randomisés, 433 ont reçu l’abatacept et 219 le placebo. Le traitement était administré en IV à J1, J15, J29 et tous les vingt-huit jours pendant un an. Une diminution des signes cliniques, mais aussi de la qualité du sommeil et de la fatigue, a été constatée, de même qu’un ralentissement de la progression des lésions radiologiques. En outre, cette efficacité clinique est apparue rapidement et s’est maintenue dans le temps. Deux atouts qui ont une grande importance pour le vécu du patient.
L’étude ATTAIN (2) a également confirmé ce maintien dans le temps de l’efficacité de l’abatacept et la qualité de la réponse clinique chez des malades n’ayant pas répondu aux anti-TNF.
Fenêtre d’opportunité thérapeutique.
L’enjeu de la prise en charge de la PR est plus que jamais de faire bénéficier le patient d’un traitement efficace, en agissant le plus tôt possible sur les PR les plus agressives. Cette stratégie de la « fenêtre d’opportunité thérapeutique » se confirme autour des recommandations de l’Eular, visant à raccourcir le délai de consultation chez le spécialiste. A cet égard, une coopération plus étroite entre spécialistes et généralistes devrait s’opérer. Ces derniers ont en effet un rôle clé à jouer, qu’il s’agisse de dépister les premiers signes cliniques, d’adresser au plus tôt le patient au rhumatologue ou d’exercer le suivi.
D’après une réunion Bristol-Myers Squibb lors du congrès de l’Eular, Amsterdam.
(1) Abatacept in Inadequate responders to Methotrexate.
(2) Abatacept Trial in Treatment of Anti-TNF Inadequate Responders.
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