CE TRAVAIL, mené en zone d'endémie, devrait permettre de mieux comprendre cette forme sévère de paludisme, qui touche de 20 à 40 % des personnes infectées par Plasmodium falciparum et qui est mortelle dans 30 à 50 % des cas. Il ouvre également la voie à la mise au point d'un test pronostique qui devrait permettre une meilleure prise en charge des malades.
Le neuropaludisme, rappelle un communiqué, se manifeste par une forte fièvre et des convulsions suivies d'un coma. Le taux élevé de mortalité est en partie liée à un problème de prise en charge, les malades arrivant souvent trop tard à l'hôpital, alors qu'il existe un traitement efficace. La prise en charge serait améliorée si l'on disposait d'un test prédictif. C'est dire tout l'intérêt du nouveau travail conduit par l'équipe de Sylviane Pied, chercheuse au Cnrs et responsable du groupe d'immunophysiologie du paludisme (Cnrs URA1961, unité dirigée par Pierre André Cazenave), à l'institut Pasteur, en collaboration avec celle de Maryvonne Kombila à l'université des sciences de la santé de Libreville et avec le centre hospitalier de Libreville et l'hôpital pédiatrique d'Owendo (Gabon).
Cette nouvelle étude, poursuit le communiqué, s'est concentrée sur un phénomène immunologique particulier qui survient chez les personnes infectées par Plasmodium falciparum : la sécrétion accrue de toute une gamme d'anticorps, dirigés notamment contre différents composants de l'organisme (ADN, globules rouges...). On ne sait pas encore si ces auto-anticorps sont la conséquence des mécanismes pathologiques associés à l'infection ou s'ils contribuent aux événements conduisant aux formes sévères de la maladie.
Certains de ces auto-anticorps sont-ils dirigés contre des molécules du cerveau ? Les équipes françaises et gabonaises ont travaillé sur des échantillons sanguins de 350 enfants âgés de 6 mois à 5 ans ayant été suivis dans des hôpitaux gabonais. Cette cohorte était constituée de cinq groupes : sujets contrôles (absence de parasite dans le sang), sujets asymptomatiques, sujets développant un paludisme simple, sujets ayant un paludisme grave non neuropaludique (anémie sévère notamment) et sujets présentant des attentes neurologiques.
Améliorer la prise en charge.
Résultat : chez 90 % des enfants atteints de neuropaludisme, des anticorps reconnaissent spécifiquement une protéine du cerveau, l'alpha-spectrine cérébrale. « Notre espoir aujourd'hui, explique Sylvie Pied, est que cette découverte puisse permettre la mise eu point d'un test pronostique du neuropaludisme. Notre hypothèse est que la production des auto-anticorps contre l'alpha-spectrine prédisposerait au développement du neuropaludisme et nos recherches actuelles visent à la vérifier. Si, sur le terrain, on disposait d'un test permettant de dire qu'une personne est susceptible de développer un neuropaludisme, cela permettrait d'améliorer considérablement sa prise en charge. »
Vincent Giuyedi et coll. « PLoS ONE », 25 avril 2007.
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