CONGRES HEBDO
Le seul traitement étiologique de l'allergie IgE médiée est l'immunothérapie spécifique qui consiste à administrer des doses d'allergènes progressivement croissantes. Son efficacité dépend de la qualité et de la quantité totale d'allergène injecté.
Les extraits allergéniques naturels présentent plusieurs inconvénients : ils sont hétérogènes, leur composition et leur contenu en allergènes sont variables et ils peuvent être contaminés par des allergènes provenant d'autres sources et contenir des enzymes protéolytiques susceptibles de diminuer leur potentiel allergénique. Enfin, le contenu en molécules allergéniques des extraits naturels dépend des procédés d'extraction et de purification utilisés. Seul le contenu en allergènes majeurs de certains extraits commerciaux est connu et les tests diagnostiques ne permettent pas d'identifier avec précision le principal composant auquel le patient est sensibilisé, ni la quantité d'IgE spécifiques dirigées contre celui-ci.
Un traitement qui pourra être adapté à chaque patient
De nouvelles perspectives diagnostiques et thérapeutiques s'ouvrent grâce au clonage des allergènes obtenu par les techniques de biologie moléculaire. En effet, depuis plus d'une dizaine d'années, il a été possible de cloner des allergènes majeurs et mineurs qui ont pu être produits sous forme de protéines recombinantes.
L'intérêt potentiel des allergènes recombinants est important. Sur le plan diagnostique, il sera possible d'identifier avec précision les protéines allergisantes auxquelles le patient est sensibilisé et d'établir le spectre de spécificité de ses IgE. Chaque patient pourra bénéficier alors d'un traitement de désensibilisation sur mesure adapté à son profil allergénique. Les allergènes recombinants permettraient donc une désensibilisation mieux ciblée et éviteraient l'injection de molécules allergéniques auxquelles le patient n'est pas sensibilisé. Par ailleurs, la dose d'allergènes pourrait être quantifiée avec précision au cours des doses d'entretien. L'avantage des allergènes recombinants se situe aussi au niveau de la production. Elle permet d'obtenir des extraits ayant une activité allergénique constante et de standardiser les extraits allergéniques. Il est possible aussi de produire seulement les allergènes déterminés et d'éliminer toute substance contaminante : autre allergène, protéine non allergisante ou agent infectieux. Un autre intérêt est la standardisation des méthodes de dosage : une étude européenne est en cours dans ce domaine.
Un problème important, le risque de survenue de réactions anaphylactiques lors de la désensibilisation, pourrait être maîtrisé avec les allergènes recombinants ayant une activité allergénique réduite. En modifiant la structure ou la composition de la protéine recombinante, il est possible d'accroître l'efficacité de l'immunothérapie spécifique et de diminuer les effets secondaires. Il a été démontré, par des techniques in vitro et in vivo, que des peptides et des dérivés allergéniques obtenus de cette façon se liaient faiblement aux IgE (cette liaison entraînant la dégranulation des basophiles et des mastocytes à l'origine des manifestations allergiques) tout en gardant leur épitope T, donc leur capacité immunologique.
La conception de telles molécules est prometteuse sur le plan clinique. Différentes molécules hypoallergéniques ont été sélectionnées par des travaux expérimentaux utilisant des cellules de sujets sensibilisés, par des techniques d'inhibition compétitive utilisant des sérums provenant de sujets sensibilisés à l'allergène naturel et par des études in vivo en effectuant les tests cutanés chez les patients sensibilisés.
De nombreuses molécules recombinantes hypoallergéniques sont des candidates pour une désensibilisation du futur, efficace et exempte d'effets secondaires. Seuls des essais cliniques contrôlés, effectués selon les bonnes pratiques de désensibilisation, permettront de confirmer l'intérêt des allergènes recombinants. Une étude de désensibilisation à l'allergène majeur recombinant du bouleau est présentée au congrès.
D'après un entretien avec le Pr Gabrielle Pauli (Strasbourg)
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