«DANS LE BUT de contourner les mesures de contrôle visant à interdire les drogues de synthèse les plus répandues, telles que l'ecstasy, les laboratoires clandestins et les trafiquants ont recours à de nouvelles structures chimiques», rapporte Yves Lecompte, pharmacien assistant au département de toxicologie de l'institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, dans « le Courrier des addictions »*.
Depuis le début des années 2000, les pipérazines N substituées se multiplient sur le marché. En France, à partir de 2004, les saisies et signalements se révèlent de plus en plus fréquents pour la benzylpipérazine (BZP) et la métachlorophénylpipérazine (mCPP), aux propriétés antidépressives, ainsi que la trifluorométhylphényl pipérazine (Tfmpp), métabolite de l'antrafénine, molécule analgésique. Elles s'apparentent aux substances utilisées dans les milieux festifs pour leurs vertus stimulantes, «entactogènes» (facilitant le contact) et «récréatives».
Les revendeurs les présentent, sous forme de comprimés, de gélules, de poudre ou de liquide, comme étant des dérivés amphétaminiques ou de l'ecstasy. Elles sont consommées, dans la plupart des cas par voie orale, mais également par inhalation (BZP) ou injections (BZP, mCPP), avec absorption simultanée de BZP et de Tfmpp pour en amplifier les effets.
«D'une manière générale, la gravité des intoxications par les pipérazines ne semble pas dépendre de la dose absorbée», indique Yves Lecompte.Les principaux facteurs de risque sont liés à «la préexistence de certaines maladies psychiatriques» et aux «interactions avec des molécules ayant des propriétés pharmacologiques similaires ou un métabolisme identique».
En mars dernier, la BZP, légale dans de nombreux pays puisque non référencée comme stupéfiant, et commercialisée sur Internet, a été placée sous surveillance à la demande de l'Agence sur les drogues de l'Union européenne (Oedt). L'Oedt a été chargée d'une évaluation par le Conseil de l'UE, qui pourrait décider, à la fin du mois, des mesures de contrôle. En France, à ce jour, aucune décision n'a été prise quant à l'inscription des pipérazines sur la liste des stupéfiants.
* N° 2, avril-mai-juin 2007. Tél. 01.46.67.62.00.
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