LA VITAMINE PP pourrait protéger de la maladie d'Alzheimer et le déclin cognitif associés au vieillissement. Une étude américaine vient de mettre en évidence une association inverse entre l'incidence de la maladie d'Alzheimer et l'importance de la consommation de vitamine PP (alimentation et suppléments alimentaires).
Les carences en vitamine PP (ou « niacine », la famille de molécules comprenant l'acide nicotinique et la nicotinamide) et en tryptophane (le précurseur de la niacine) sont connues pour causer la pellagre, une maladie caractérisée par des dermatoses, des diarrhées et l'apparition d'une démence. Plusieurs travaux ont en outre suggéré que l'acide nicotinique pouvait augmenter les performances cognitives d'individus sains. Enfin, deux études cas-contrôles ont montré que la concentration plasmatique des métabolites de la vitamine PP était significativement abaissée chez les malades souffrant de démence. Cependant, l'effet de la consommation de cette vitamine sur le risque de maladie d'Alzheimer n'avait jamais été testé jusqu'à présent.
800 personnes de plus de 65 ans.
Morris et coll. (Université Rush de Chicago, en collaboration avec les CDC d'Atlanta) ont remédié à ce manque en conduisant une étude prospective sur une cohorte de plus de 800 personnes âgées de plus de 65 ans résidant dans la région de Chicago. Les auteurs ont interrogé ces personnes sur leurs habitudes alimentaires afin d'évaluer leur consommation en vitamine PP. Les données recueillies leur ont permis de classer les participants en cinq groupes, en fonction de leur apport nutritionnel en vitamine PP (groupe 1 : 7-15 mg/jour, groupe 2 : 16-18 mg/jour, groupe 3 : 18-22 mg/jour, groupe 4 : 22-36 mg/jour, groupe 5 : 36-171 mg/jour ; l'apport quotidien recommandé est de 16 mg). Un suivi médical a par ailleurs permis de suivre l'évolution des fonctions cognitives des patients au cours des six années suivant le début de l'étude.
Il est apparu que plus la consommation de vitamine PP est importante et plus le risque de maladie d'Alzheimer diminue. En comparaison avec ceux du groupe 1, les sujets du groupe 5 ont cinq fois moins de risque d'Alzheimer. L'association inverse mise en évidence par Morris et coll. est indépendante de facteurs tels que l'âge à l'entrée dans l'étude, le sexe, l'ethnie, le niveau d'éducation, le génotype Apo E, l'état cardio-vasculaire, la consommation d'autres vitamines B...
Les données recueillies au cours de l'étude indiquent par ailleurs que la vitamine PP aurait la capacité de ralentir le déclin cognitif associé au vieillissement. Ces résultats restent évidemment à confirmer.
M. C. Morris et coll. « J. Neurol. Neurosurg. Psychiatry », vol. 75, pp. 1093-1099.
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