Dans une lettre adressée au « British Medical Journal », Marco Procopio (Priory Clinic Hove, Hove, Angleterre) expose une théorie séduisante permettant d'expliquer l'apparition de l'homme blanc sur le continent européen. Selon cette hypothèse, le trait génétique qui a conduit à la sélection d'Européens à la peau claire serait leur capacité plus importante à synthétiser de la vitamine D dans un environnement à ensoleillement réduit.
Les premiers Homo sapiens seraient apparus en Afrique. Tout laisse à penser qu'ils avaient une peau noire. Il y a 40 000 à 50 000 ans, lorsque leurs descendants sont arrivés en Europe, une pression de sélection a défavorisé les individus dont la peau était la plus foncée : ces hommes auraient développé une déficience en vitamine D suffisamment importante pour affecter leur capacité à se reproduire. En conséquence, seuls les individus dont la peau était la plus claire auraient transmis leur patrimoine génétique aux générations suivantes.
La vitamine D ne peut être synthétisée que si une quantité suffisante de lumière ultraviolette est absorbée par la peau. La quantité de lumière UV à laquelle étaient exposés les Homosapiens arrivant en Europe étant bien plus faible que celle reçue par les hommes évoluant sur le continent africain. En conséquence, l'ensemble des premiers Européens synthétisait moins de vitamine D que leurs cousins africains. De plus, une peau noire absorbe dix fois moins les UV qu'une peau claire. Ainsi, les Homo sapiens possédant une peau foncée étaient doublement défavorisés : leur capacité à synthétiser de la vitamine D était encore plus faible que celles des individus ayant une peau plus claire.
C'est cette double circonstance qui aurait progressivement conduit à l'éclaircissement de la peau des hommes peuplant les régions les moins ensoleillées du globe.
Cette hypothèse est plus convaincante que celle, très répandue, selon laquelle il existerait un lien entre la couleur de la peau et le risque de développement de mélanome. En effet, même si une peau noire est moins susceptible de développer un mélanome qu'une peau claire, les mélanomes ne peuvent pas affecter la valeur sélective d'individus : ce type de cancer tue généralement relativement tard dans la vie, après la reproduction et la transmission des gènes.
« BMJ » du 22 novembre 2003, pp. 1227-1228.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature