Le TEMPS DE LA MEDECINE
« Cela peut paraître un lieu commun, mais, pour les ophtalmologistes, l'âge représente la principale préoccupation, dès lors qu'on parle de conduite automobile. Le vieillissement est pourvoyeur de glaucome, cataracte, diabète ou dégénérescence maculaire. A travers nos syndicats, nous insistons sur la nécessité de contrôles de l'acuité visuelle dès 60 ans et, a fortiori , chez les plus de 75 ans, pour le maintien du permis de conduire », souligne le Dr Gilles Chaine (chef du service d'ophtalmologie de l'hôpital Avicenne, Bobigny, Seine-Saint-Denis).
Ce contrôle serait de meilleure qualité s'il était réalisé par des ophtalmologistes, plutôt que fondé sur les données de l'échelle de Monnoyer. Les spécialistes peuvent, de plus, trouver l'étiologie de la diminution d'acuité visuelle et proposer un traitement éventuel.
DMLA, cataracte et... chirurgie réfractive
Les déficiences visuelles peu ou pas compatibles avec la conduite automobile ne sont pas rares en consultation. La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), avec la perte de la vision qui touche la partie centrale de la rétine, en fait partie. Les sujets gardent un champ de vision périphérique. De façon caricaturale, un conducteur à un stade avancé de la maladie verrait la route, les feux, mais pas le piéton devant lui sur un passage protégé.
La cataracte conduit à un autre type d'altération. Ici, ce n'est pas tant la baisse de la vision qui inquiète le Dr Chaine (à un stade précoce s'entend) que la conduite de nuit. « La cataracte est responsable de photophobie. Le conducteur risque d'être ébloui en croisant d'autres véhicules ; éblouissement aussi en cas de forte luminosité. » A ce propos, le Dr Chaine rapporte des sensations d'éblouissement et de halos chez les sujets, plus jeunes, qui ont subi une chirurgie réfractive. Ils voient, certes, sans lunettes, mais n'ont pas toujours été informés de cet effet secondaire inconstant.
Autre situation à risque : les personnes déficientes visuelles et qui ne le savent pas. Certains sont passés au travers de tous les dépistages. Ils ignorent ce que c'est que bien voir et conduisent quand même.
Le Dr Chaine juge que le test de lecture d'une plaque d'immatriculation à vingt mètres correspond bien à une acuité visuelle suffisante. La législation impose une acuité visuelle binoculaire minimale de 5 dixièmes. Ce chiffre n'est pas aussi bas qu'il y paraît. « Les échelles d'acuité visuelle en dixièmes reflètent mal la réalité. Leur progressivité devrait être semi-logarithmique. De ce fait, il a bien moins d'écart entre 5/10 et 10/10 qu'entre 1 et 2/10. Ces échelles semi-logarithmiques, qui ne sont pas encore entrées dans la pratique, différencient mieux les états de basse vision. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature