LES Etats-unis s'inquiètent de la violence de leurs adolescentes. Alors que les chiffres baissent régulièrement pour les garçons depuis 1994, ils régressent moins, voire augmentent, chez les jeunes filles. Un autre constat est que les filles, bien plus souvent que les garçons, sont victimes de violences (sexuelles ou non) à leur domicile. C'est ainsi que Beth E. Molnar et coll. (Boston, Etats-Unis) ont enquêté prospectivement auprès de jeunes femmes sur la violence de leurs comportements et sur leur environnement. Ils ont comparé leurs données à celles d'un groupe de jeunes femmes-témoins résidant aussi à Chicago. De fait, les entretiens réalisés permettent de conclure que la violence subie multiplie par 2,2 le risque de délinquance, par rapport au groupe témoin.
Les chercheurs ont enrôlé 637 jeunes filles de 9 à 15 ans depuis la fin 1995. A trois reprises en l'espace de 2 ans elles ont répondu, chez elles, à un questionnaire sur elles-mêmes et leur environnement.
Un pic vers 14 ans.
Au premier entretien, 38 % des jeunes femmes rapportaient avoir eu au moins un comportement violent au cours de l'année précédente. A la seconde rencontre, 28 % rapportaient un épisode au cours des douze derniers mois. Enfin, le troisième questionnaire trouvait 14 % de comportements agressifs. Le pic, pour ces jeunes femmes, se situait à 14 ans, en moyenne. Les auteurs relèvent que le déclin noté entre les trois entretiens peut aussi être en relation avec la baisse généralisée de la délinquance des jeunes.
Les violences subies par les jeunes femmes pouvaient être des sévices (sexuels ou non) pendant l'enfance de la part de proches, mais aussi assister à des disputes entre les proches ou prendre part à de violentes altercations au sein de la famille. La relation reste vraie, relèvent les chercheurs, même en tenant compte du statut socio-économique, de l'existence d'actes violents antérieurs, de comportements déviants, de l'usage de drogue ou de facteurs familiaux aggravants.
Une autre circonstance déclenchante a été mise en évidence au cours de l'enquête. Lorsque le cadre de vie concentre moins de pauvreté, l'impact des sévices subis est majoré.
Une des limites de ce travail repose sur le mode d'enquête. Les entretiens peuvent avoir conduit les jeunes femmes à majorer leurs comportements agressifs, mais aussi, peut-être, à taire certains sévices, notamment sexuels. De même, une faiblesse, mais aussi une force du travail, est le principe de l'enquête longitudinale : faiblesse, en raison de sujets perdus de vus, force, en raison du caractère prospectif.
« Arch Pediatr Adolesc Med », vol. 159, août 2005, pp. 731-739.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature