La politique, lui et les autres
Alors que la période préélectorale de l'année dernière était à l'origine de quarante-cinq livres sur l'enjeu du scrutin, une vingtaine - venant après les analyses à chaud du dernier semestre - vont s'attacher à décortiquer les conséquences des premières mesures appliquées et le nouveau paysage politique français.
La gauche est évidemment sur la sellette avec, par exemple, « Gauche, le big bang » du maire d'Evry et député du PS Manuel Valls et du journaliste Claude Askolovitch (Robert Laffont), « La Gauche la plus bête du monde » de Razzye Hammadi et Claude Villers (Fetjaine) ou « Si vous aimez le Parti socialiste, alors quittez-le ! », un conseil d'un ancien compagnon de route de François Mitterrand, Henry Delisle (Le Cherche Midi).
La personnalité qui monopolise par ailleurs l'attention, c'est bien entendu Nicolas Sarkozy. Six titres qui lui sont consacrés : « L'Hyperprésident » d'Eric Maigret (Armand Colin), « le Téléprésident » de François Jost et Denis Muzet (L'Aube), « Sarkozy et Dieu » de Marc Andrault (Berg International), « Dans les coulisses de l'Elysée de Michaël Darmon et Yves Derai (Ed. du Moment) et « Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy » d'André et Raphaël Glucksmann (Denoël).
A noter, par ailleurs, la suite et fin des aventures ministérielles d'Azouz Begag dans « La Guerre des moutons » (Fayard) et « Le Journal d'insomnie » de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin.
La politique se dévide aussi façon municipales avec pas moins d'une vingtaine de titres annoncés. Concernant Paris, au laudatif « Bertrand le magnifique : enquête au cœur du système Delanoë » d'Yves Stephanovitch (Flammarion),
répondent deux ouvrages critiques, « Delanopolis : le jeu de massacre des rues de Paris » de Serge Federbusch (Les éd. de Passy) et « Le Dossier Paris » signé Guy Burgel (Perrin), tandis que Bertrand Gréco essaie de rester neutre dans « Municipales 2008 : la bataille de Paris » (L'Archipel).
Petites histoires et grande histoire
L'histoire plus ou moins lointaine apporte son lot de nouveautés. Parmi les neuf titres qui, en janvier et février, se souviendront, quarante ans après, de Mai 68, c'est pourtant une réédition qui attire l'attention, celle des « Annés de poudre », le deuxième tome de la saga de cette « Génération » racontée par Hervé Hamon et Patrick Rotman (Seuil). Ainsi qu'une somme, « 68, une histoire collective, 1962-1981 » (La Découverte).
L'histoire coloniale est toujours à l'ordre du jour avec onze livres annoncés, parmi lesquels « Mission civilisatrice : le rôle de l'histoire coloniale dans la construction de l'identité politique française », de Dino Constantini (La Découverte), « Comment peut-on être persan ? L'universalisme européen, de la colonisation au droit d'ingérence », du sociologue américain Immanuel Wallerstein (Demopolis) et « L'Occident décroché : enquête sur les postcolonialismes », de Jean-Loup Amselle (Stock).
Onze livres également ont pour thème la Deuxième Guerre mondiale. Suivant la voie de confrères, l'historien Charles Patterson, dans « Un éternel Treblinka : des abattoirs aux camps de la mort » (Calmann-Lévy) soutient la thèse selon laquelle l'oppression des animaux sert de modèle à toute forme d'oppression. Par ailleurs l'historien franco-israélien, spécialiste de l'Holocauste et qui vient de recevoir le prix de la Paix décerné par les libraires allemands, Saul Friedländer, fait paraître la traduction du deuxième tome de son ouvrage « L'Allemagne nazie et les juifs » : aux « Années de persécution (1933-1939) », paru en 1997, succèdent « Les Années d'extermination » (Seuil).
Comment va le monde ?
Des élections présidentielles et des Jeux olympiques expliquent l'engouement des éditeurs pour les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Outre-Atlantique, Hillary Clinton l'emporte haut la main avec trois titres, tandis que « La Russie de Poutine » est proposée tant chez Odile Jacob (Marie Mendras) que chez Perrin (François Roche), et Olivier Ravanello joue les provocateurs en demandant « Et si Poutine avait raison ? » (Ed. du Toucan).
La Chine suscite cinq parutions dont « La Chine expliquée aux Gaulois », de Cyrille Javary (Albin Michel).
Concernant le Moyen-Orient, on ne peut ignorer « les Révolutionnaires
ne meurent jamais » (Fayard), les
Mémoires de Georges Habache, l'ancien chef du FPLP - et médecin -, retranscrites par Georges Malbrunot, journaliste qui fut kidnappé à Bagdad en 2004 ; et Jean Daniel, du « Nouvel Observateur », publie « Israël, les Arabes et la Palestine » (Galaade Editions).
L'Europe brille par sa discrétion,
excepté les initiatives bienvenues d'Etienne de Poncins : « Le Traité européen simplifié en 25 clefs » (Lignes de repères), et de l'éditeur Dalloz qui va publier en collection de poche un petit livre à 3 euros dont le président de la République devrait signer la préface, « Un traité pour l'Europe ».
On en parle
Du côté des biographies, le gros morceau est bien entendu constitué par les ouvrages célébrant le centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir, dont « Castor de guerre » de Danièle Sallenave ; l'éditeur, Gallimard, publie également « Simone de Beauvoir : écrire pour témoigner », par Jacques Deguy. Dans un autre genre, « Uderzo se raconte » (Stock), par le dessinateur d'Astérix, ne passera pas inaperçu.
Les vedettes de l'écran à l'honneur sont « Michel Piccoli », via Jacques Zimmer (Nouveau Monde Éditions) et « Michael Moore au-delà du miroir », un essai critique de Guy Millière (Le Rocher).
Deux personnalités très éloignées mais qui ont en commun d'avoir disparu suscitent chacune trois ouvrages : Claude François, trente ans après sa mort, et l'abbé Pierre, décédé le 22 janvier 2007.
Une société en marche
En ce qui concerne les évolutions sociétales, deux thèmes dominent. L'un décline, avec vingt-cinq titres, les nouveaux codes sexuels et familiaux. N'en citons que deux : « Familles bousculées, inventées, magnifiées » (Odile Jacob) est une réflexion à plusieurs voix, sous la direction de René Frydman et Muriel Fils-Trèves, issue du colloque de décembre dernier à la Faculté de médecine de Paris, sur la famille contemporaine, qu'elle soit recomposée, homoparentale, monoparentale ou déconstruite. Et dans les deux volumes de « Masculin/Féminin » (Odile Jacob), Françoise Héritier étudie comment changer le rapport pour parvenir à l'égalité et les changements qu'il faudrait pour que la différence des sexes soit le fondement non d'une hiérarchie mais d'une véritable harmonie dans la société.
L'autre thème est celui des nouvelles technologies, abordé notamment par le psychiatre et sociologue Serge Tisseron dans « Virtuel, mon amour : penser, aimer, souffrir à l'ère des nouvelles technologies » (Albin Michel). Mais aussi, Deni Ettighoffer réfléchit, dans « Netbrain, planète numérique : les batailles des réseaux savants » (Dunod), sur un monde numérique en train de devenir un acteur politique, social et économique ; Olivier Dyens, dans « La Condition inhumaine : essai sur l'effroi technologique » (Flammarion), éclaire le passage d'un modèle biologique de compréhension du monde à un modèle technologique ; Claude Heudin, dans « Les Créatures artificielles » (Odile Jacob), fait le bilan des recherches au croisement de la biologie et de l'intelligence artificielle, etc.
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