Grâce à l'enquête Famille menée en 1982 (en même temps que le recensement) et le suivi des décès de 82 000 femmes ayant de 45 à 64 ans en 1982, l'INSEE a pu vérifier le lien entre la mortalité, le niveau de diplôme et l'environnement familial.
La surmortalité des non-diplômées est patente : elle est de 17 % par rapport à l'ensemble des femmes et de 48 % par rapport aux plus diplômées. Ce qui signifie une perte d'espérance de vie de 2,4 ans au moins pour les non-bachelières : à 45 ans, elles peuvent espérer vivre 37,3 ans, contre 39,7 pour les bachelières.
Pour vivre vieille, mieux vaut aussi, dans la même logique, être cadre qu'ouvrière : la première a un indice de mortalité de 0,78 (1 étant la moyenne du groupe d'âge) et à 45 ans, elle a encore 39,4 ans devant elle ; la seconde a un indice de mortalité de 1,23, et 2,4 ans de moins à vivre.
La famille joue un rôle non moins protecteur que l'éducation et la profession puisque les femmes qui étaient célibataires à 45 ans ont une surmortalité de 26 % et celles qui n'ont pas eu d'enfant une surmortalité de 14 %.
Avoir des enfants diminue donc la mortalité, à condition qu'ils ne soient pas plus de quatre. A partir de cinq, la surmortalité est à peu près la même que pour les femmes sans enfant. Le suivi médical lié aux grossesses et aux maternités, la responsabilité familiale qui conduit les femmes à faire plus attention à leur état de santé expliquent en partie cette différence.
Les écarts de mortalité reflètent, certes, le milieu social. Mais quand ce facteur est neutralisé dans les calculs, les différences entre avec et sans enfant persistent.
D'autres facteurs pèsent sur la mortalité, comme le fait d'avoir perdu ses parents pendant l'enfance : le risque de décès est plus élevé de 27 % pour celles qui étaient orphelines à 10 ans et de 8 % pour celles qui n'avaient plus qu'un parent vivant. Cela, on ne le choisit pas, alors qu'on peut plus ou moins facilement décider de vivre ou non en couple et d'avoir ou non des enfants.
INSEE première, n° 892, www.insee.fr.
Probabilités
Pour une femme appartenant au groupe cadres et professions intellectuelles supérieures, médecin par exemple, la probabilité de décéder entre 45 et 64 ans est de 5,7 %. Le risque le plus élevé est celui de l'ouvrière non qualifiée (9,3).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature