THEATRE
ARMELLE HELIOT
Collaborateur d'Alain Platel et de Johan Dehollander, écrivain, lui-même concepteur de spectacles, le Flamand nous propose une réflexion qu'il ancre dans « Crime et châtiment », de Dostoïevski, et le personnage de Raskolnikov en particulier et dans « Pickpocket », de Robert Bresson, s'intéressant au personnage de Michel.
Dans les lumières crues d'une salle séparée des rings par une grande porte à double battant, nous découvrons une poignée de « personnages » avec leurs histoires, leurs rêves, leur agressivité, leur tendresse, leurs élans et leurs peines. Ici, on vient pour s'éprouver et se trouver. Pour se dépasser par le sport, la discipline, pour sortir de soi-même et de sa condition en combattant, parfois en devenant champion.
Les adultes ne sont pas légion. Il y a Ramon (Didier De Neck), l'entraîneur, Roland (Johan Dehollander), un flic qui a des tentations de travailleur social. Entre eux et les jeunes, Habib, l'infirmier (Zouzou Ben Chikha). Et puis il y a Assia (Aciha Lamarti), Cynthia (Ini Massez), déçue par l'amour et les géraniums, Jamaal (Mourad Zeguendi), qui frappe fort mais qui est très vulnérable, Bambi (An Miller), une Lolita qui cogne fort et se met à mal. Et puis il y a Fadilah, qui a des allures de princesse (Dahlia Pessemiers), celle qui est au centre : celle qui chaparde, qui a quitté sa mère, celle qui s'en voudra quand sa maman mourra à l'hôpital sans qu'elle ne l'ait revue.
Simple. Histoires simples qui se croisent. Personnages écrits en quelques phrases. Mais si justes, si exactes, et si bien prises en charge par ces jeunes, que l'on est avec eux. On y croit. On les croit. Même si l'on n'oublie jamais que l'on est au théâtre. Arne Sierens non plus qui les dirige avec une allégresse certaine, comme pour mieux cacher les gros chagrins et les humiliations. Et si le spectacle donne à réfléchir c'est que ces acteurs, professionnels ou non, nous émeuvent et que, par-delà les aventures en couleurs fluo de ces personnages attachants, il y a une approche rasante et du théâtre et de la société. Une réflexion qui passe aussi par la littérature et le cinéma et nous renvoie sans fin aux questions essentielles. Se trouver.
Théâtre de la Bastille, grande salle, à 21 h du mardi au samedi. Relâche dimanche et lundi. Jusqu'au 26 janvier. Durée : 1 h 15 sans entracte. Portes de la salle fermées au début de la représentation (01.43.57.42.14.).
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