François Hollande n'a pas démérité, qui a réussi à maintenir l'unité du Parti socialiste en dépit de courants multiples qui risquaient de le faire chavirer et s'est imposé comme le choix des militants face à quelques hommes plus prestigieux que lui.
Néanmoins, il n'a pas réalisé ce tour de force sans gommer le contenu du programme du PS, qui s'est inscrit comme une force d'opposition, non de proposition. Il n'aura pas été le seul d'ailleurs, à prononcer quelques imprécations contre le gouvernement : les plus réalistes des « éléphants » s'en sont pris à cœur joie aux réformes du gouvernement, présenté comme la source de tous les malheurs de la France, le responsable de la crise, l'ami des riches et l'ennemi des pauvres. Il est vrai qu'il est plus facile de se conduire en tribun qu'en gestionnaire et que, au fond, il ne coûte rien de refaire l'unité des troupes sur la base du dénominateur commun le plus bas.
Mais enfin, on aimerait bien savoir ce que les socialistes feraient si d'aventure ils revenaient au pouvoir ; ils ne peuvent pas décemment nous dire que, pour les retraites, il suffit d'abonder le fonds qu'eux-mêmes avaient prévu à cet effet ou qu'augmenter la CSG est la panacée. Ou que, pour l'Education nationale, il n'y a qu'à s'asbtenir.
Certes, à chaque jour suffit sa peine. François Hollande a d'abord signifié que le travail de deuil sur le 21 avril 2002 était désormais terminé. Un an pour pleurer la défaite est plus que suffisant. Mais, si les socialistes retrouvent leur tonus en tant que force d'opposition, il ne semble plus question de recréer une force de gouvernement sur la base de la « gauche plurielle » : les communistes se souviennent de leur expérience aux côtés de Lionel Jospin comme d'une maladie ; les chevènementistes ont pris le large ; les Verts n'ont pas plus mûri dans l'opposition que lorsqu'ils avaient des responsabilités. Or, tant que la carte électorale de la France est ce qu'elle est, à moins d'un miracle, le PS ne fait pas une majorité à lui tout seul. Non seulement il n'a pas - encore - de programme, mais il n'a pas de stratégie électorale. Et s'il se laisse porter, comme cela fut le cas à Dijon, par la vague des mécontentements, il se condamne à tracer un programme de nature démagogique qui affaiblira la France davantage.
Quels que soient les intérêts professionnels particuliers, l'intérêt général du pays est qu'il se dresse contre l'adversité économique, qu'il travaille, qu'il produise et surtout qu'il crée des emplois. Les manifestants ou grévistes avancent peut-être de bonnes raisons pour rejeter les réformes, mais la France est le dernier pays d'Europe (même l'Allemagne prend conscience de ses scléroses sociales) où le poids de l'Etat n'a pas été allégé. Il n'a pas tort, M. Fillon, quand il dit que les réformes ne sont ni de droite ni de gauche. Il ne faut donc pas que, sous couvert d'un réformisme à visage humain, les socialistes se bornent à satisfaire toutes les exigences du peuple sans lui expliquer qu'il doit aussi faire des sacrifices.
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