THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
Dix-huit interprètes pour un spectacle-fleuve : 2 h 30, 2 h 40, 1 h 30. Lars Norén prend son temps. Il ne veut rien épargner au public qu'il prend en otage volontairement : alcool, drogue, sexe, violence, rien ne doit nous échapper, comme si nous partagions quelques heures durant la vie d'un groupe qui se compose, se décompose, se recompose sous nos yeux. C'est un leurre, bien sûr. Et ce vaste forum (scénographie de Gilles Taschet) qui représente Sergelstorg, place de Stokholm, n'existe pas, n'existe que le temps du théâtre, de la représentation, justement.
Etrange tentative : donner la parole aux exclus est un geste noble et l'on n'oublie pas « Les Bas-fonds ». Mais quel est le travail de composition dramatique ici ? Que veut nous dire Lars Norén ? Veut-il nous conduire à la compassion, la compréhension de l'autre ? Veut-il dénoncer les ravages de l'utopie suédoise ? Il y a tout cela, évidemment, dans son projet d'écriture. Mais n'aurait-il pas gagné en s'efforçant à la concision ?
Une succession d'anecdotes
C'est ce que l'on ressent au terme de la représentation qui s'appuie sur une troupe unie et forte, avec ses personnalités très connues (Sylvie Milhaud, Alain Fromager, Daniel Laloux, Gérard Watkins, Jean-François Perrier, Roland Sassi, François Rodinson, Jean-Yves Ruf, Nicolas Pirson) et ceux dont on est moins familier (Eric Caruso, Delphine Chuillot, Nathalie Kousnetzoff, Caroline Potrel, Mounia Raoui, entre autres). Dix-huit, on l'a dit, qui ne faiblissent jamais mais sont la plupart du temps ligotés par l'auteur dans une succession d'anecdotes. Un vrai-faux reportage au cours duquel on repère les plans d'ensemble, les plans rapprochés : une construction à laquelle se plie strictement Jean-Louis Martinelli et qui se métaphorise oralement du monologue au dialogue et jusqu'au chant choral difficilement interprétable d'un point de vue sémantique.
Théâtre de Nanterre-Amandiers, jusqu'au 24 février. Le spectacle, qui dure 7 h 30 (deux entractes compris) ne se donne qu'en représentation intégrale le samedi et le dimanche de 15 h à 22 h 30 (01.46.14.70.00.).
Une rencontre est organisée le 2 février, en présence de l'auteur et en partenariat avec France Culture. Le texte est publié par L'Arche.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature