CONGRES HEBDO
Des travaux très expérimentaux ont été réalisés afin de mesurer la valeur pronostique du taux de lactoferrine (LF) sérique au cours de la maladie de Lyme aiguë, pathologie liée à une piqûre de tique (spirochète Borrelia burgdorferi). Cette affection peut se compliquer quelques semaines, voire plusieurs années (un à deux ans), après la piqûre initiale, de manifestations articulaires à type de monoarthrites, en particulier du genou, voire d'oligoarthrites. En l'absence de traitement, ces signes cliniques évoluent par poussées entrecoupées de rémissions.
Moins de 10 % des patients évoluent vers une forme chronique parfois destructrice.
Le Dr A.V. Danilov (Framingham, Etats-Unis) a évalué par des dosages immunologiques les variations des taux sériques de LF chez des patients présentant une maladie de Lyme aiguë (n = 60, groupe 1) et chez d'autres apparemment guéris (n = 79, groupe 2) depuis six mois à deux ans et demi. L'objectif était de déterminer s'il existe une corrélation entre les taux de LF et l'évolution vers une forme chronique de la maladie.
La LF est une protéine sécrétée par les polynucléaires au cours de la réponse inflammatoire ; cette protéine, qui est un chélateur du fer, aurait un effet antimicrobien.
Dans cette étude, les taux sériques de LF étaient significativement plus élevés chez les patients avec une maladie de Lyme aiguë comparés aux sujets apparemment sains (p < 0,001). Ces taux étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes (p < 0,05) et corrélés à l'intensité de la fièvre (p < 0,05). Après une antibiothérapie standard par pénicilline, les taux sériques ont diminué de 31,5 %. (p < 0,01) ; cependant, ces taux restaient significativement plus élevés comparés à ceux des sujets guéris (p < 0,001).
Si l'on étudie la valeur pronostique des taux de LF, on observe que la LF sérique permet de subdiviser les patients atteints d'une maladie de Lyme aiguë en deux groupes : ceux qui ont des taux de LF< 2 000 ng/ml ou une faible activité inflammatoire, contrairement à ceux qui ont un taux supérieur à 2 000 ng/ml. Ces derniers avaient des périodes de latence plus longues, un syndrome fébrile persistant, une disparition plus tardive de la tique, un érythème migrans plus étendu, des taux d'IgA et d'IgG plus élevés. Si on analyse les taux sériques de LF de patients du groupe 2, on observe qu'ils sont aussi plus élevés que ceux des sujets sains (p < 0,01), en particulier chez les femmes.
Syndromes chroniques post-infectieux
Dix huit patients de ce groupe ont eu des manifestations postinfectieuses, en particulier des arthralgies, des arthrites souvent associées à des titres élevés et persistants d'anticorps anti- Borrelia. Ces patients avaient la particularité d'avoir eu de longues périodes d'incubation, une fièvre élevée persistante et des titres d'anticorps sériques anti- Borrelia très élevés durant la phase aiguë (p < 0,05). De plus, ces patients souffrant de syndrome postinfectieux avaient des taux de lactoferrine élevés à la phase aiguë.
Au total, les taux de LF pourraient, selon les auteurs, être utilisés comme critère mesurant l'activité du processus inflammatoire au cours de la maladie de Lyme aiguë et être un facteur pronostique de l'apparition d'un syndrome postinfectieux. Selon l'équipe de Framingham, compte tenu de ces données, des modifications du traitement antibactérien pourraient se discuter chez les patients avec maladie de Lyme aiguë particulièrement inflammatoire.
Toutefois, le Pr Sibilia émet des interrogations quant à l'utilité pratique et la spécificité de cette élevation de LF, spécificité qui reste à définir.
D'après une communication du Dr A. V. Danilov (Framingham, Etats-Unis) au cours d'une session présidée par le Pr Jean Sibilia (CHU de Strasbourg).
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