Les deux germes les plus fréquemment en cause dans l'otite moyenne aiguë (OMA) de l'enfant sont le pneumocoque et l'hæmophilus influenzae, avec, pour chacun, des caractéristiques épidémiologiques et cliniques qui peuvent orienter le diagnostic.
L'infection par le pneumocoque survient précocement dans la vie de l'enfant, puis sa fréquence diminue avec l'âge. La première OMA est ainsi le plus souvent liée à une infection pneumococcique. Cliniquement elle se traduit par une fièvre élevée et une otalgie sévère et elle est grevée d'un risque de mastoïdite. L'otite à hæmophilus s'accompagne volontiers d'une conjonctivite, la fièvre est peu élevée, la douleur relativement modérée ; en revanche les récidives, les échecs de traitement et la chronicité sont plus fréquents que dans les OMA à penumocoques. La part de l'hæmophilus dans les otites augmente au fur et à mesure que l'enfant avance en âge et que celle du pneumocoque diminue. Ainsi au-delà de l'âge de 12 mois, pratiquement toutes les otites sont des formes récidivantes, le plus souvent liées à hæmophilus. Les autres germes impliqués dans les OMA de l'enfant sont moraxella catarrhalis et le streptocoque A qui touche plus volontiers le grand enfant et comporte également un risque de mastoïdite.
Incidence diminuée, moindre résistance aux antibiotiques
L'introduction du vaccin pneumococcique conjugué 7- valent en 2000, puis du vaccin 13-valent en 2010 a entraîné un changement de paradigme dans l'OMA à pneumocoques. Une étude menée en Israël a évalué l'impact du vaccin sur l'incidence de l'OMA en fonction des sérotypes dans un système de surveillance de la population avec mise en culture du liquide de l'oreille moyenne chez des enfants de moins de deux ans ; cette étude fait état d'une diminution de 98 % après l'introduction du vaccin 7 valent des OMA liées aux sérotypes contenus dans le vaccin, et de 92 % pour les sérotypes additionnels contenus dans le vaccin 13-valent, après l'introduction de celui-ci.
L'incidence des OMA à pneumocoques a diminué de 87 % entre 2004 et 2015. Celle des OMA à hæmophilus a également été réduite, de 78 %. L'incidence de l'ensemble des otites s'est ainsi abaissée de 71 % entre les périodes 2004-2008 et 2014-2015. Selon les résultats d'une étude également menée en Israël depuis novembre 2009, le portage nasopharyngé du pneumocoque a lui aussi notablement diminué, de 72 %. Cette réduction du portage permet de protéger davantage les jeunes nourrissons de moins de deux mois non encore vaccinés. L'introduction de ces vaccins a par ailleurs été suivie d'une diminution de la résistance aux antibiotiques. Ainsi, selon une étude réalisée par ACTIV (Association clinique et thérapeutique infantile du Val de Marne) en France, la résistance du pneumocoque à la pénicilline qui était de 30 % dans les années 2000 s'est abaissée à 2 % aujourd'hui. La résistance de l'hæmophilus influenzae à l'amoxicilline a également diminué : en 2000, 40 % des souches d'hæmophilus secrétaient des bétalactamases, ce taux n'est plus que de 15 % actuellement. Le vaccin pneumococcique conjugué 13-valent est recommandé en deux doses, à 2 mois (possible dès 8 semaines de vie) et à 4 mois, avec un rappel à 11 mois.
D'après les communications des Drs Robert Cohen (Créteil) et Ron Dagan (Beer-Sheva, Israël) lors d'un symposium organisé par Pfizer vaccins dans le cadre du congrès de la société française de pédiatrie.
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